dimanche 16 septembre 2007

Les mythes de création

Ishtar



Le conflit entre le féminin et le masculin.
Les mythes de création, comme beaucoup d’histoires de dieux sont souvent influencés par les mœurs humaines, et fournissent ainsi le portrait d’une société, et particulièrement des relations entre les sexes qui y ont cours.

La déesse de la lune pré-colombienne Coyolxauhqui est démembrée par son frère ce qui introduit une ère de domination masculine.

Le mythe grec de la théogonie d’Hésiode (« Naissance des Dieux », vers 700 av. J.-C.) expose un schéma courant de conflit et de méfiance entre générations, qui n’est que le symptôme d’un conflit entre le masculin et le féminin. Gaïa, la Terre, née de Chaos, s’unit à Ouranos le Ciel, son fils, née d’elle spontanément. Il refoulait au plus profond d’elle tous les enfants auxquels elle donnait naissance, jusqu’au jour où elle encouragea l’un d’eux, Kronos, à castrer son père. A son tour, Kronos mangea les enfants qu’il eut de sa sœur Rhéa, jusqu’à ce que Zeux, l’un de ses enfants, le détronât. Quand à Zeus, il avala sa première femme, Méris, l’intelligence efficace, quand elle fut enceinte et donna ainsi naissance à leur enfant Athéna qui sortit de sa tête.
Ce mythe correspond parfaitement à une culture obsédée par l’autorité masculine sur la femme, par la tromperie, la bâtardise et les incertitudes de paternité et donc par la prise de contrôle masculin sur les pouvoirs reproductifs féminins, contrôle généralement conçu comme le triomphe de la civilisation sur la nature.

On peut retracer les changements politiques et les glissements qui s’ensuivent dans le statut relatif des sexes à travers l’évolution des mythes de création. En Mésopotamie, où les femmes avaient des droits semblables à ceux des hommes, on pensait que le monde avait été crée par la déesse Tiamat. Vers 1700 av. J.-C., quand Babylone devint la cité dominante de la région, les hommes gagnèrent de plus grands droits sexuels et économiques et Tiamat devint un monstre, l’incarnation du chaos, que le dieu babylonien Mardouk avait dû vaincre et démembrer pour faire le monde. Ailleurs, comme dans certaines contrées du Pacifique sud, une figure (mâle) doit plonger dans les abysses de la mer (femelle) pour en tirer la terre, ce qui exprime encore que les hommes doivent imposer un modèle et tirer un sens de la fécondité féminine chaotique.
Anticipant les mœurs humaines, les mythes de création décrivent souvent un monde engendré par l’union du Ciel et de la Terre, du Soleil et de la Lune, ou simplement d’un dieu et d’une déesse.

Les récits de rapt, de mariage, de séduction et de naissance chez les dieux sont souvent le reflet des coutumes politiques des peuples concernés. Ainsi, Isis, à l’origine une déesse mineure de la vallée du Nil Perehbet, fut « mariée » à Osiris, la déité du clan régnant dans la cité voisine, Busiris, au moment même où les deux cités s’alliaient.

The Great Cosmic Mother



Monica Sjoo est éco-féministe anarchique radicale, et une artiste de la déesse, une écrivain et penseurE. Elle est née en Suède en 1938 et vit à Bristol depuis la fin des années 50. Elle est active dans les mouvements féministes depuis les années 60. Ses peintures, inspirées par la vénération de la déesse mère-terre dans les cultures ancestrales ont été exposées en Europe et aux Etats-Unis.
« Je suis une Eco-sorcière, une activiste, et j’ai toujours été féministe. »
Elle commença à explorer les médecines alternatives quand son fils Sean fut atteint par un cancer à 28 ans, 2 mois après la mort de son fils de 15 ans, Leif, dans un accident de voiture. Sean mourut deux ans plus tard en 1987.
Barbara Mor est née dans le désert du sud-ouest des Etats-Unis. Barbara Mor, native of southwest American coast & desert (SoCal, AZ, NM). Work in Orpheus Grid, Sulfur, BullHead, Mesechabe, Ms., Trivia (US); Ecorche, Intimacy, Spectacular Diseases (UK). Online: DissidentVoice (6/14/04); Trivia Voices (2/05), CTheory (8/4/05). Author of pagan eco-feminist The Great Cosmic Mother: Rediscovering the Religion of the Earth (HarperSF 1987, 1991).



L’ancien testament

L’Ancien Testament est le premier ouvrage écrit dans le but d’influencer les âges à venir. Nous le lisons toujours 3000 ans plus tard. Il est l’ancrage de 3 puissantes religions; le judaïsme, le christianisme et l’islam. Chacune est une facette du patriarcat. Chacune de ces religions monothéiste obéit à une déité paternelle sans représentation dont l’autorité vient de sa parole, sanctifiée sous sa forme écrite. La conception d’une déité qui a une image concrète prépare la voie à une pensée abstraite qui mène inévitablement aux codes des loi, à la philosophie dualiste et à la pensée objective, les trois signatures de la culture occidentale.

Le judaïsme présentait la relation entre YHWH et son peuple, Israël, comme un mariage. Ceux qui déviaient de la religion étaient adultères, allant se prostituer auprès d’autres dieux. Il en fut ainsi au VIIIè siècle av. J.-C. quand Baal, le dieu cananéen de la fertilité fut adopté à la place de YHWH. Le mariage du prophète Osée devint le symbole du mariage entre YHWH et Israël sans foi lorsque dieu lui dit « Va prendre pour femme un prostituée et aie d’elle des enfants de prostituée car Israël quittera le Seigneur en s’adonnant à la prostitution ». La désapprobation juridique de la prostitution avait aussi une base politique évidente, car les prostituées étaient aussi souvent les prêtresses de cultes rivaux, tel celui des Cananéens où les rites sexuels jouaient un rôle important.

Babylone elle-même, qui retint les Juifs en captivité de 586 à 539 av.J.-C. etait décrite dans la Bible comme une prostituée. La Putain de Babylone, plus tard identifiée à la Rome Antique, incarnant le vice, la corruption et le mal, devint finalement la marque de tout Etat considéré comme corrompu. Dans le livre de l’Apocalypse, Babylon est décrite comme « la mère des fornications et des abominations de la terre », et sa destruction prédite. LSELS27


La lutte constante entre la religion matriarcale et la tradition est un des thèmes principaux de l’Ancien Testament.
Elle commence avec la Genèse; le jardin d’immortalité de la Déesse est approprié par un dieu mâle, et tous ses symboles sacrés - l’arbre, le serpent, la lune-fruit, la femme- sont inversés et transformés en symboles du mal. Des deux fils d’Adam et Eve, Caïn était le « mauvais frère » parce qu’il choisit l’agriculture (matriarcale); Abel, le pasteur nomade (et patriarcal) était le « bon frère ». Dans la guerre contre la Déesse, les prophètes jetèrent bas « le veau d’or », « les serpents de feu », « la grande tentatrice », « le prostituée de Babylone » (le déesse babylonienne Ishtar). Ils accusèrent les magiciennes, les devins, les pythies et tous ceux qui pratiquaient la magie. La triple déesse de la lune était représentée par 3 menhirs - « des idoles de pierre ». Un de ses temples se trouvait sur le mont Sinaï, ce qui veut dire « montagne de la Lune ». Dieu ordonna à Moise d’aller détruire ces idoles - qui avaient toutes des seins.

Un élément nouveau était apparu dans l’Ancien Testament; Dieu non seulement justifiait, mais commandait le massacre d’ennemis religieux, c’est- à- dire de gens qui croyaient en d’autres fois.
On appelle Yahweh le dieu jaloux. De quoi Yahweh était-il jaloux? De la Déesse et de son amant, de leur relation sexuelle et sacrée, de leur domination sur les coeurs et les esprits de générations de tribus néolithiques. Yahweh, seul de tous les dieux mâles de la terre, n’a jamais de relations sexuelles avec une femme. Le yang a son yin, les dieux du ciel ont leurs déesses de la terre. Même les dieux védiques, et plus tard, les dieux mâles indiens avaient des « principes féminins », ou « deuxième moitié » ou femmes avec lesquelles ils pouvaient faire l’amour. Mais pas Yahweh. Yahweh est le seul dieu mâle dans l’histoire de la terre qui n’a jamais fait l’amour à une femme ou a la terre.
Ce phénomène extraordinaire continue avec la naissance d’un fils conçu sans sexe, d’une mère vierge et asexuée, et qui recommande à ses disciples d’éviter le sexe et les femmes s’ils veulent atteindre le paradis.
Les païens n’avaient pas de système de morale basé sur le sexe. Celui-ci était sacré, la chair était une manifestation de l’esprit. Mais l’esprit était lié à l’énergie -humaine et divine- et l’on savait que l’énergie était facilement gâchée, déséquilibrée ou mal utilisée. Les peuples païens conçurent des rites de purification et de concentration d’énergie pour des activités spéciales ou des occasions où l’énergie de l’âme était en danger, à cause de l’intensité d’une rencontre, ou d’un changement. L’âme en tant que sens de l’identité personnelle et d’appartenance était en danger dans des situations archétypales et ontologiques; la naissance, la puberté, l’acte sexuel, manger, tuer, se battre. Les hommes passaient au moins trois jours d’abstinence avant une chasse ou une bataille. Une abstinence ou une purification rituelles étaient entreprises avant de faire l’amour, à la puberté, ou après la mort. Ces purifications/concentrations d’énergie spirituelle étaient une manière de faire face aux transformations qui pouvaient menacer le sens de soi (personnel), et la communauté (transpersonnel). Que ces purifications aient eu ou non à voir avec l’activité sexuelle, il ne s’agissait pas de moralisme. C’étaient des « technologies du sacré » (Mircea Eliade), des moyens de concentrer et de maintenir l’énergie spirituelle dans toutes les crises ou transformations archétypales.
Le système judéo-chrétien a gardé les technologies de purification, après en avoir extirpé les rites magiques et leurs raisons, ce qui mené à une obsession pour la pureté, la propreté… (‘Cleanliness is next to Godliness’ and so forth).
La morale sexuelle s’est construite sur cette obsession de manière pathologique, aliénant les gens de leur « saleté corporelle » et de celle des autres, avec une peur et un dégoût du corps et de ses activités, et un système de projection qui insiste sur la « saleté » des étrangers, d’ou des doctrines de pureté ou d’impureté raciale. Cette morale a offert une base au racisme, ainsi qu’au sexisme. Elle conduit aussi à un dégoût de la vieillesse, des maladies, des handicaps. Dans l’Ancien Testament, les prêtres de Yahweh devaient être purs, c’est à dire physiquement parfaits. Tous les autres étaient impurs aux yeux de dieu, spirituellement inférieurs. Comme il est écrit dans les textes, le but spirituel des prophètes et des rois pastoraux hébreux était la séparation et l’hostilité mutuelle des énergies mâle et femelle; le but politique final étant la punition (jusqu’à la dégradation) de la femme par l’homme.

« Et de plus Dieu dit, Comme les filles de Sion sont arrogantes et marchent avec le cou tendu et des yeux dévergondés, marchant et minaudant et faisant sonner leurs chevilles; Dieu frappera la couronne de la tête des filles de Sion; et le Seigneur découvrira leurs parties secrètes. » Isaiah 3:16,17

Le mythe biblique d’Adam et Eve et de leur expulsion du jardin d’Eden est une autre séparation de la femelle et du mâle à l’ordre de Yahweh. On peut reconnaître tous les éléments rituels et symboliques de cultes très anciens de la Déesse dans la Genèse; le jardin de la Déesse et son serpent de sagesse cosmique; l’arbre de la co-naissance avec son fruit sombre de soma; la figue de la déesse crétoise - qui devint pour les occidentaux la pomme magique de la déesse blanche. Eve veut dire « vie », et est appelée la mère de toute vie. Adam veut dire « le fils de la terre mère rouge ». Toutes ces légendes; tous ces mythes de création remontent à des milliers d’années avant que les patriarches hébreux écrivent la bible.
Mais dans la Genèse, c’est un père qui crée toute vie. Et la première femme est créée du corps de l’homme; une inversion biologique fascinante! Dès le premier livre, l’idéologie politico-historique des patriarches est clairement établie. Le nouveau dieu mâle interdit à Adam et Eve de prendre part aux rituels des mystères sacrés de la Déesse. Ils ne peuvent manger le fruit et avoir accès au savoir transcendantal. Bien sûr, Eve; en tant que prêtresse de la Déesse, désobéit à Yahweh. Elle essaye, avec l’aide de son serpent magique, de persuader Adam de partager le fruit narcotique et les rites sexuels qui mènent à l’illumination extatique et à la renaissance du Jardin d’Immortalité de la Déesse. Et c’est cela, « le pêché originel ».
De manière significative, le mariage patriarcal est la punition d’Eve pour son « pêché ». Elle ne devra désirer que son mari, elle doit quitter le jardin et suivre son mari vers une terre stérile et régie par l’homme; condamnée à des grossesses non désirées et à des accouchements dans la douleur. En d’autres termes, c’est le mariage patrilocal qui l’isole des collectifs de femmes et qui la prive de sa connaissance des plantes contraceptives et narcotiques, contre la douleur. Elle n’est plus prêtresse et sage-femme de la Déesse. Elle portera à présent avec amertume des enfants qui appartiendront à l’homme. Elle devra rester sur le dos, passive quand Adam lui fera l’amour, comme le père dans le ciel sur la terre obéissante.




Quand le culte du dieu mâle fut établi, il dut être difficile d’expliquer comment il pouvait être le créateur de toute vie dans la création - puisque l’homme, contrairement à la femme ne peut créer avec son corps ni un enfant, ni le moyen de sustenter cet enfant.
Toute la relation de l’homme vis-à-vis du divin se trouva violemment altérée.
Il ne pouvait exister entre un père et son enfant le même lien vital biologique et magique qu’entre une mère et son enfant, deux êtres évoluant dans le même corps, au même rythme.
Du point de vue religieux, cela voulait dire la perte de la relation physique, émotionnelle et spirituelle continue entre l’homme et le divin. L’unité est dualisée, le ‘soi’ est isolé à l’intérieur de lui-même, et le reste de l’univers, dieu inclus, est déplacé et réifié à l’extérieur de soi. Le père n’est pas cette substance nourricière, ne contient pas tout, ne comprend pas tout, et la relation entre les humains et dieu le père devient abstraite et aliénée, distante et moraliste.
Le dieu abstrait n’est pas organique.
Tout aussi inorganique, le système de classe rigide de maîtres royaux servis par des esclaves qui vint rapidement se mettre en place autour d’une élite patriarcale, après 300 000 à 500 000 ans de vie communautaire de l’Age de pierre.
La création est maintenant considérée mauvaise - le Créateur est séparé et au-dessus de sa création; il est parfait, elle est fautive. Et l’idée du péché original peut donc naître pour rationaliser cette nouvelle relation artificielle entre l’âme humaine et son dieu lointain. Ceci pose les bases de toutes les subséquentes relations artificielles; entre les hommes et dieu, entre les hommes, entre les hommes et le monde naturel, entre les dirigeants et les dirigés. Car à présent la relation primordiale est notre corruption matérielle commune et non notre essence divine commune. Et toute l’église est censée nous apporter la rédemption du péché d’être né de la mère.
Dieu s’est généré purement spirituellement, entièrement libre de la matière (car les prêtres insistent qu’il est libre de la mère) et ne participe pas au processus matériel.
Il devient difficile d’expliquer l’existence de la mort, de la maladie, de la souffrance - puisque ’Dieu’ n’a rien à voir là-dedans! Ou plus exactement, il devient très facile de les expliquer; tout devient la faute de la mère corrompue et de ses enfants - et de son amant païen, le diable.

Un dieu anti-sexuel est à présent considéré comme le père de toute vie! Et partout où vous trouverez un dieu puritain, vous trouverez aussi un dieu pornographique, car l’esprit aspire à l’équilibre.
Dieu le père étant considéré comme pure bonté, lumière et immobilité, comme le soleil à midi, les Hébreux et les Chrétiens durent inventer le Diable. Dans la Bible, les Hébreux de l’Ancien Testament font référence à Satan, ce qui veut dire ‘ennemi’- tout ennemi des Hébreux et de leur dieu était ‘satanique’. Les premiers Chrétiens, qui étaient en majorité des Hébreux ou leurs descendants entretinrent cette définition quasi politique du mal incarné jusqu’à ce que le Diable devienne la source de tout mal, obscurité, douleur, mort…

La matière n’est plus respectée comme la fondation du monde, du développement et de l’expérience. Elle n’est plus perçue comme un phénomène évolutionnaire, comme une forme d’énergie spirituelle, ou le potentiel de l’inconscient. La matière est à présent le féminin stupide et sombre, méprisée comme étant d’une valeur inférieure au mâle. Dans les doctrines musulmane et chrétienne, la matière est devenue inerte, totalement négative, démonisée et hostile à l’esprit. C’est le monde de la femme, opposé à celui de l’esprit dont les hommes hériteront.
L’avènement de la révolution industrielle, avec l’assise de la science en tant que religion patriarcale causa cependant une inversion critique. Sans pour autant annuler les associations négatives précédentes, le matérialisme devint l’idéologie dominante et masculine, alors que la spiritualité était consignée à une sphère périphérique de plus en plus éthérée et inutile, celle des ‘vapeurs féminines’. Mais la matière est toujours considérée comme inerte et idiote; le matérialisme ne trouve pas sa gloire dans la matière, mais dans la capacité de l’homme à la manipuler. Le nouveau matérialisme est la dévotion à la machine et au produit, et non la célébration vitale et extatique de l’esprit de la matière qui caractérisait la religion de la Déesse. Cette nouvelle poussée de matérialisme pousse à quitter l’orbite de la terre, à s’échapper des problèmes de nos origines corporelles saignantes, désordonnées, affamées, productrices de déchets - pour s'établir dans des stations spatiales entièrement stériles et créées de la main de l’homme, où l’astronaute, le prêtre moderne de la religion techno phallique réalise son vieux rêve; échapper entièrement aux processus terriens dans lesquels le reste d’entre nous pataugeons.
Le symbolisme anti-terrien, anti-naturel est directement lié au dualisme religieux. Il en naît une vision du monde purement abstraite, comme en mathématiques, dans laquelle les symboles humains ne sont pas compris comme faisant partie d’une réalité plus large - ils sont perçus comme étant la réalité. L’immortalité promise par la Déesse lunaire n’était pas un état de perfection et d’immobilité dans une lumière éternelle. Elle offre une vie sans cesse renouvelée comme celle même de la lune, dans laquelle le fait de diminuer et de mourir sont essentiels à la naissance et au développement de l’esprit. Sa rédemption ne nous sauve pas du péché et de la matière, mais des pièges mentaux qui bloquent notre expression à sa source. C’est l’union des contraires dans la psyché qui nous libère du pouvoir final de la mort, qui permet à la conscience de passer d’une dimension à une autre dans le champ cosmique. Ceci est la seule expérience de rédemption; être vécu par une autre présence - le créateur derrière l’ego.

Si les religions de dieu le père sont réactionnaires et anti-révolutionnaires, la raison en est simple; elles se sont construites en réaction à la religion de la déesse qui domina la pensée humaine pendant au moins 300 000 ans. Dieu, lui, n’a été conceptualisé comme uniquement mâle que depuis trois ou quatre mille ans.
La caractéristique d’un dieu olympien (patriarcal) par rapport à un dieu de mystère (matriarcal) est que la forme de l’olympien est rigidement définie et toujours humaine. Il a perdu ses formes animales et son pouvoir magique de changer d’une forme énergétique à l’autre. Il a perdu ses propriétés alchimiques. L’olympien est rationalisé, idéalisé, lointain, immortel - il a l’air trop géométrique pour bouger. Les poètes ont du mal à le rendre intéressant parce qu’il ne l’est pas. L’olympien n’évolue pas, il apothéose - au son des trompettes. Il n’est pas né d’une femme ou de la matière ou de la terre, mais de sa volonté absolue. Il représente une perfection statique sous forme humaine, incapable de transformation ou de changement extatique; en tant que dieu, il est un concept intellectuel. Ainsi, l’échange d’énergie entre toutes les créatures et leur dieu magique et polyforme est perdue. Le contact avec le pouvoir mystique évolutionnaire est brisé; dieu devient une idée, et son monde simple mécanisme.

La communauté des femmes n’est plus une communauté. Le patriarcat brise le collectif de femmes en capturant et en emprisonnant l’énergie de chaque femme dans la famille patrilocale. Confucius ‘The Three Obedience’ to father, husband and son. 600BC in China. The Hindu code of Manu…
La déesse avait été toute puissante mais elle était la mère de fils autant que de filles. Son corps enfantait des fils, qui étaient nourris par ses seins, et elle ne souhaitait pas que les hommes soient dégradés et détruits. Dans le matriarcat, les hommes n’étaient pas réduits à des unités techniques, à l’esclavage, ou à des objets sous humains. Elle savait qu’elle était le parent, et elle n’avait pas besoin de renforcer une religion artificielle avec des lois artificielles. La dégradation systématique de ses fils l’aurait dégradée elle-même, qui ne désirait que des ’fidèles’ libres et gracieux. Il n’est aucune religion de la déesse ou l’on voit les fidèles à genoux.


[1] Sjoo, M. (1987, 1991) The Great Cosmic Mother : Rediscovering the Religion of the Earth, Harper Collins, New York, 528 p.

Les Amazones





Selon la légende, les Amazones habitent les rives du Thermodon, en Cappadoce dans l'actuelle Turquie. Elles tuent leurs enfants mâles ou les rendent aveugles ou boiteux, pour ensuite les utiliser comme serviteurs. Quant aux femmes, elles coupent leur sein droit pour faciliter le tir à l'arc. Pour assurer la perpétuation de leur civilisation, elles s'unissent une fois par an avec les hommes des peuplades voisines dont elles choisissent les plus beaux.

Historiquement, des femmes armées ont souvent servi de gardes du corps royales. Chandragupta Maurya (322-298 av. J.-C.), le premier empereur à developper un état centralisé en Inde avait une garde personnelle composée de femmes grecques immenses. Les gardes du corps royales réapparaissent 2000 ans plus tard dans l’histoire de l’Inde pour les Nizams de Deccan et de Hyderabad. Sur l’île de Sri-Lanka, la famille royale Kandy avait une garde personnelle de femmes archers. En Europe, les femmes des tribus celtiques et germaniques se battaient aux côtés des hommes. Tacite nous dit que la reine Boadicée comptait plus d’hommes que de femmes dans son armée.



En Scandinavie, les femmes qui n’avaient pas la responsabilité d’une famille pouvaient prendre les armes et vivre en guerrières. On les appelait « shieldmaidens » et nombre d’entre elles apparaissent dans la mythologie nordique. Une des plus célèbres s’appelait Hervor et elle figure dans le cycle de l’épée magique Tyrfing. Le chroniqueur danois Saxo Grammaticus relate que lorsque le roi suédois Sigurd Ring et le roi danois Harald Wartooth se rencontrèrent à la bataille de Bråvalla, 300 shieldmaidens se battirent du côté danois mené par Visna, avec de petits boucliers et de longues épées.




Une légende qui pourrait être inspirée des Amazones grecques existe en Bohème. Selon la légende, une armée de femmes menée par une certaine Vlasta menèrent une guerre contre le duc de Bohème et asservirent ou tuèrent tous les hommes qui tombèrent entre leurs mains. Elles furent finalement battues par le duc. AU 16ème siècle, l’explorateur espagnol Orellana est entré en conflit avec des femmes sud-américaines de la rivière Maranon, que l’on renomma « rivière des Amazones » ou Amazone, bien que son nom puisse aussi venir de l’indien « amassona » (destructeur de bateaux).qui s’appliquait à un phénomène de marées.




Les Amazones de Dahomey (aujourd’hui le Bénin) était une unité militaire de 6000 femmes qui furent actives entre le 16ème et le 19ème siècle. Elles rencontrèrent de nombreux succès contre les pays voisins, avant d’être défaites par les Français. La Libye a une longue tradition de femmes amazones qui est probablement plus ancienne que celle des Amazones grecques. Aujourd’hui même, Khadafi est gardé par des soldates. Les autres groupes africains qui intégraient les femmes dans leurs armées étaient les Igbo et les Fulani.


Au royaume de Siam au 19ème siècle, le roi avait un bataillon personnel de 400 femmes armées de lances. Elles étaient choisies parmi les plus belles femmes du royaume et avaient la réputation d’être d’excellentes combattantes, mais elles étaient considérées trop précieuses pour être envoyées à la guerre. Chez les Arabes, les Aborigènes d’Australie, les Berbères, les Chinois, les Kurdes, les Philippins, les Maori, les Micronésiens, les Papous de Nouvelle-Guinée et les Rajputs, les femmes pouvaient choisir la profession des armes.


Il y eut environ 400 femmes soldats pendant la guerre de Secession, comme Mary Anne Talbot et Hannah Snell.

La Belle au Bois Dormant

Sleeping Beauty, Edward Burne-Jones


Le thème de la Belle au Bois Dormant est celui du long sommeil de l’hiver et de l’éveil du printemps. La déesse de la terre, piquée par la flèche de l’hiver tombe dans un profond sommeil dont elle ne sera tirée que par le Soleil qui viendra à sa recherche.
Cette légende rappelle la nordique Balder et la grecque Perséphone. Certains aspects apparaissent aussi dans Les Deux Frères, une légende égyptienne de la 19ème dynastie de Seti II où les Hathor prononcent un destin pour le prince similaire à celui de la princesse. Le rouet dont l’aiguille cause le sommeil est la flèche qui blessa Achille, l’épine qui perça Siegfried, le gui qui blessa Balder, et les griffes empoisonnées du démon dans Surya Bai. Dans sa forme nordique, c’est le lierre, la seule plante qui supporte l’hiver.
Le thème du long sommeil se retrouve dans la légende médiévale des Sept Dormeurs d’Ephèse, dans l’histoire anglaise du Roi d’Angleterre et ses Trois Fils et dans l’histoire de Brunehilde, dans Siegfried. Dans cette dernière un cercle enflammé entoure Brunehilde qui est eveillée par le contact de l’épée magique de Siegfried, tout comme la Belle au Bois Dormant est éveillée par le baiser du prince. Le baiser pourrait être une trace des rites de dévotion à une déesse locale.
Dans le Panch-Rhul Ranee hindou, sept fossés surmontés de sept haies de lances entourent l’héroïne.
Des versions Grimm et Perrault de la Belle au Bois Dormant, c’est celle de Perrault qui est la plus longue et la plus complexe, car elle contient l’histoire mineure de la cruelle belle-mère, alors que l’histoire de Grimm est un modèle de structure découpé en 10 chapitres. Le personnage de la Belle apparaît aussi dans le Pentamerone de Basile où le petit bébé ôte l’épi de lin du doigt de sa mère endormie en le suçant. La version de Perrault rejoint celle de Basile en ce qui concerne les noms des enfants, qui s’appellent Soleil et Lune dans le Pentamerone, et Jour et Aube.

Même les cowgirls ont du vâgue à l’âme





Tom Robbins, auteur de Même les cow-girls ont du vague à l’âme a été qualifié d'“écrivain le plus sauvage et le plus entraînant de cette terre” par le Financial Time de Londres. Thomas Pynchon a écrit : “Tom Robbins a une vision des choses qui éblouit l’esprit. C’est un conteur de toute première catégorie.” Le Corriere della Sera enfin le considère tout simplement comme: "l’écrivain le plus dangereux du monde”.“Père de la culture pop”, “écrivain culte par excellence”, ou encore “Houdini de la métaphore”, les qualificatifs concernant Tom Robbins ne manquent pas. Son œuvre est célébrée aux États-Unis, en Asie et dans la plupart des pays européens. Il est en outre une référence absolue dans le monde mystérieux des “hackers”. Editions du Cherche Midi









«Il n’y a pas de mais. Spirituellement, je suis un homme riche. De par mon héritage asiatique, j’ai hérité d’une certaine aisance spirituelle. Mais – et toi et Debbie et les pélerins et les soi-disant pélerins doivent le comprendre – je ne peux pas partager cette richesse ! Pourquoi ? Parce que la monnaie spirituelle asiatique n’est tout simplement pas échangeable dans votre culture occidentale. Ce serait comme envoyer des dollars à des Pygmées. Tu ne peux pas dépenser de dollars dans la jungle africaine. La meilleure utilisation que les Pygmées pourraient tirer des billets serait d’allumer des feux avec. Dans tout l’Occident, je vois des gens entassés autour de petits feux à se réchauffer avec du bouddhisme, du taoïsme, de l’hindouïsme et du Zen. Et c’est là le maximum qu’ils pourront en tirer. Se réchauffer les pieds et les mains. Ils ne peuvent pas s’approprier véritablement l’hindouïsme – ils ne sont pas hindous. Ils ne peuvent pas réellement s’approprier le Tao – ils ne sont pas chinois. Le zen les lâchera au bout d’un moment – son feu s’éteindra – puisqu’ils ne sont pas japonais comme moi. Le fait de se tourner vers des philosphies religieuses asiatiques pourra temporairement illuminer leurs vies, mais dans le fond c’est futile, parce qu’ils nient leur propre histoire, ils mentent sur leur héritage. Tu peux accrocher un arc-en-ciel à un faux arc-en-ciel – c’est ce que fait Jellybean – mais tu ne peux pas accrocher un arc-en-ciel à un mensonge.
Vous autres Occidentaux, vous êtes spirituellement pauvres. Vos philosophies religieuses sont appauvries. Et alors ? Elles se sont probablement appauvries pour de très bonnes raisons.


L'homme vert


Le dieu Pan


Pourquoi ne pas apprendre cette raison ? C’est certainement plus intéressant que de se raser le caillou et de s’envelopper dans les chapelets et les costumes de traditions que vous ne comprendrez jamais qu’à moitié. Admettez donc, en premier lieu, votre pauvreté spirituelle. Confessez-la. C’est le point de départ. Si vous n’avez pas le courage de commencer là, entièrement nu dans votre pauvreté et sans honte, vous ne trouverez jamais la sortie de l’ornière. Et des parures orientales empruntées ne couvriront pas votre mensonge ; ils ne feront que vous rendre plus seul.
- Mais que peut faire un Occidental, alors, dans sa pauvreté ?
- L’endurer. L’endurer avec candeur, humour et grâce.
- Tu dis que c’est foutu, alors ?
- Non. J’ai déjà suggéré que la désolation spirituelle de l’Occident a probablement un sens, et qu’il pourrait être avantageux d’explorer ce sens. Un occidental recherchant une connaissance plus haute, plus profonde pourrait commencer à creuser dans l’histoire religieuse de son peuple. Ce n’est pas facile, cependant, parce que le christianisme bloque les voies d’accès comme une montagne sur roues.
- Je ne comprends pas. Je pensais que le christianisme était notre héritage spirituel. Comment peut-il bloquer… ?
- Oh, Sissy, tu commences à m’ennuyer. Le christianisme, petite niaise, est une religion orientale. Il y a de grandes vérités dans ses enseignements, tout comme il y en a dans le bouddhisme et l’hindouïsme, des vérités universelles, c'est-à-dire qui parlent aux cœurs et esprits des gens partout dans le monde. Mais le christianisme vient d’Orient, ses origines sont hautement suspectes, et son dogme était déjà vastement perverti au moment où il a posé un pied en Occident. Tu penses donc qu’il n’y avait pas de divinité en Occident avant le dieu oriental étranger Jehovah ? C’est faux. Les peuples d’Angleterre et d’Europe – les Anglos et les Saxons et les Latins – vénéraient une déité depuis les temps néolithiques les plus reculés.
Le cornu. L’ancien dieu. Un homme-chèvre obscène qui offrait des riches récoltes et des bébés rebondis ; un dieu poilu, joyeux qui aimait la musique et la danse et la bonne chair ; un dieu des champs et des bois et de la chair ; un dieu fécond qui pourvoyait aux besoins de ceux qui l’aimaient et qui pouvait être appelé aussi bien par la fornication que par la méditation, qui écoutait les chansons comme les prières ; un dieu aimé car il plaçait le plaisir devant l’ascétisme, parce que la jalousie et la vengeance n’étaient pas dans son caractère.

Les fêtes principales de l’ancien dieu était la nuit de Walpurgis (le 30 avril), Candlemas (le 2 février), Lammas (le 1er août) et Halloween (le 31 octobre). La fête qu’aujourd’hui vous appelez Noël était à l’origine une orgie pour l’ancien dieu (toutes les sources historiques s’accordent à dire que Jésus est né en juillet). Ces fêtes furent célébrées pendant des milliers d’années. Et l’adoration du dieu ancien, souvent déguisé en homme vert ou Robin Longfellow continua subrepticement bien après que la chrétienté a refermé sa prise glaciale sur l’occident. Mais rien n’est plus sournois que les pouvoirs chrétiens.


Lucifer

L’église se fixa de transformer l’image de Lucifer, dont le vieux testament nous dit qu’il était un ange de lumière, le premier lieutenant de dieu. L’église commença à nous apprendre que Lucifer avait des cornes et les sabots des boucs libidineux. En d’autres termes, les chefs de la conquête chrétienne eurent la ruse de donner à Lucifer les aspects physiques – et autres – de l’ancien dieu. Ils transformèrent l’ancien dieu en diable. Ceci est la plus cruelle calomnie, la plus scandaleuse diffamation, la distortion la plus vicieuse de l’histoire de l’humanité. Le président des Etats-Unis est un bouffon de carnaval comparé aux premiers papes.
- Si je – si nous les Occidentaux allons creuser notre héritage, qu’y trouverions-nous ? Quelque chose de précieux ? Quelque chose d’aussi riche que votre héritage oriental ? Qu’y trouverions-nous?
- Tu y trouverais des femmes, Sissy. Et des plantes. Des femmes et des plantes. Souvent en combinaison.

Les plantes sont puissantes et renferment bien des secrets. Nos vies sont liées au monde végétal bien plus étroitement qu’aucun de nous ne peut l’imaginer. L’ancienne religion reconnaissait les supériorités subtiles de la vie végérale. Elle essayait de comprendre ce qui poussait et de leur offrir leur dû, leur respect.

Un des ordres les plus développés de l’ancienne religion, le druidisme prend son nom de druuid, un mot d’ancien gaélique dont la première syllabe veut dire « chêne » et la seconde « celui/celle qui a la connaissance ». Un druide est donc quelqu’un qui connaît les chênes – et le gui soi-disant empoisonné qui pousse dessus et qui était sacré pour les druides.
Dans les temps anciens, chaque village avait au moins une femme sage, une sorcière. Ces femmes étaient de véritables expertes en botanique. Elles connaissaient intimement ls champignons et les herbes. Elles utilisaient les plantes pour guérir le corps et libérer l’esprit. Ces femmes étaient des guérisseuses, des nourricières, bien sûr. On utilise encore certains de leurs remèdes comme la digitaline (FOXGLOVE) et l’atropine qui vient de la belladonne aujourd’hui.
Oui, si tu grattes au-delà de la conquête chrétienne pour retrouver ton véritable héritage, tu trouveras des femmes qui faisaient des choses extraordinaires. Elles n’étaient pas seulement les servantes principales de l’ancien dieu, mais aussi ses maîtresses, le vrai pouvoir derrière son trône en citrouille. Les femmes contrôlaient l’ancienne religion. Elle avait peu de prêtres, mais beaucoup de prêtresses. Il n’y avait pas de dogme, chaque prêtresse interprétait la religion à sa manière. La Mère – créatrice et destructrice – instruisait l’ancien dieu, elle était sa mère, sa femme, sa fille, sa sœur, son égale et son partenaire extatique dans leur sexe continuel.
Si tu peux regarder au-delà de la chrétienté, tu trouveras des légions de sages-femmes, de déesses, de sorcières et de grâces. Tu trouveras des bergères, des accoucheuses, des protectrices de la vie. Tu trouveras des danseuses, nues ou en habits de fougère. Tu trouveras des femmes comme les femmes de Gaulle, grandes, splendides, nobles, arbitres de leur propre peuple, maîtresses de leurs enfants, prêtresses de la nature, les reines-guerrières celtiques. Tu trouveras les matriarches tolérantes de la Rome païenne – quel contraste avec César et les papes ! Tu trouveras les femmes druides, fines astronomes et mathématiciennes qui créerent Stonhenge, le premier mécanisme top-cool à marquer le temps qui fonctionne pile-poil, sans compèt’. (the premium acme apex top-banana clockworks of its era, bar none. !!!!)




Il y a plein de trésors dans votre Antiquité, si vous arrivez à les atteindre. Leur comparaison avec les miens est une autre histoire. Peut-être que les manques des vôtres se situent dans le rayon de la lumière. Bouddha, Rama et Lao Tseu ont apporté de la lumière à ce monde. Jésus Christ était aussi une manifestation vivante de lumière, bien qu’au moment où ses enseignements furent exportés vers l’ouest, saint Paul avait déjà taillé la mèche, et le rayon Jésus s’estompa de plus en plus.






Il s’éteignit totalement au 4ème siècle. La chrétienté n’a plus aucune chaleur à donner – et elle n’a de toute façon jamais été très chaleureuse. En revanche, l’ancienne religion était profondément chaleureuse. Il ne lui manquait certainement pas de chaleur. Mais c’était une chaleur qui ne produisait que peu de lumière. Elle réchauffait chaque poil de mammifère, chaque cellule du système reproducteur, mais elle n’allumait pas cette ampoule General Electric dorée qui pend tout en haut du dôme le plus élevé de notre âme. Il y avait suffisamment de pure énergie sensuelle dans l’ancienne religion pour conduire tous ses partisans vers l’illumination si cela avait été son but. Malheureusement, elle fut renversée et vidée par la chrétienté avant de pouvoir transformer sa chaleur en lumière. Peut-être est-ce cette trajectoire qui doit être complétée, le but logique de l’homme occidental. En tant qu’individus, bien sûr, pas en tant que groupes organisés. Et les États-Unis d’Amérique est le l’endroit logique de reconstruction des feux du paganisme et de transformation en lumière. Peut-être. Il se pourrait que j’aie tort. Mais je peux dire sans me tromper qu’il y a de nombreux trésors à trouver dans l’antiquité si tu y arrives. »
« Mais on ne peut pas revenir en arrière », dit Sissy. « Nous ne pouvons pas vivre tournés vers le passé. »
« Non, vous ne pouvez pas. La technologie façonne les esprits autant que les environnements, et peut-être les peuples occidentaux sont-ils trop sophistiqués, trop aliénés de la Nature de manière permanente pour utiliser réellement votre héritage païen. Cependant, des liens peuvent être établis. Renouer avec son passé, rétablir la continuité brisée de votre développement spirituel, ce n’est pas la même chose qu’une retraite romantique et sentimentale vers un mode de vie plus simple, plus rustique. Essayer de se transformer en bûcheron du fond des bois en des temps de technologie électronique est sans doute une tentative aussi malavisée que d’essayer d’être hindou quand on est anglo-saxon. Cependant, votre race a perdu beaucoup de choses précieuses sur la route du soi-disant progrès et vous devez repartir en arrière pour les récupérer. Même si ça ne sert qu’à ça, le fait de découvrir par où vous êtes passés pourra vous aider à découvrir où vous allez.
Si vous allez quelque part. Ha ha ha ho ho and he he he.»


[1] Robbins, T. (1990) Even Cowgirls Get The Blues, Bantam, New York, 384 p.