mardi 25 décembre 2007
jeudi 8 novembre 2007
dimanche 16 septembre 2007
Les mythes de création
Le conflit entre le féminin et le masculin.
Les mythes de création, comme beaucoup d’histoires de dieux sont souvent influencés par les mœurs humaines, et fournissent ainsi le portrait d’une société, et particulièrement des relations entre les sexes qui y ont cours.
La déesse de la lune pré-colombienne Coyolxauhqui est démembrée par son frère ce qui introduit une ère de domination masculine.
Le mythe grec de la théogonie d’Hésiode (« Naissance des Dieux », vers 700 av. J.-C.) expose un schéma courant de conflit et de méfiance entre générations, qui n’est que le symptôme d’un conflit entre le masculin et le féminin. Gaïa, la Terre, née de Chaos, s’unit à Ouranos le Ciel, son fils, née d’elle spontanément. Il refoulait au plus profond d’elle tous les enfants auxquels elle donnait naissance, jusqu’au jour où elle encouragea l’un d’eux, Kronos, à castrer son père. A son tour, Kronos mangea les enfants qu’il eut de sa sœur Rhéa, jusqu’à ce que Zeux, l’un de ses enfants, le détronât. Quand à Zeus, il avala sa première femme, Méris, l’intelligence efficace, quand elle fut enceinte et donna ainsi naissance à leur enfant Athéna qui sortit de sa tête.
Ce mythe correspond parfaitement à une culture obsédée par l’autorité masculine sur la femme, par la tromperie, la bâtardise et les incertitudes de paternité et donc par la prise de contrôle masculin sur les pouvoirs reproductifs féminins, contrôle généralement conçu comme le triomphe de la civilisation sur la nature.
On peut retracer les changements politiques et les glissements qui s’ensuivent dans le statut relatif des sexes à travers l’évolution des mythes de création. En Mésopotamie, où les femmes avaient des droits semblables à ceux des hommes, on pensait que le monde avait été crée par la déesse Tiamat. Vers 1700 av. J.-C., quand Babylone devint la cité dominante de la région, les hommes gagnèrent de plus grands droits sexuels et économiques et Tiamat devint un monstre, l’incarnation du chaos, que le dieu babylonien Mardouk avait dû vaincre et démembrer pour faire le monde. Ailleurs, comme dans certaines contrées du Pacifique sud, une figure (mâle) doit plonger dans les abysses de la mer (femelle) pour en tirer la terre, ce qui exprime encore que les hommes doivent imposer un modèle et tirer un sens de la fécondité féminine chaotique.
Anticipant les mœurs humaines, les mythes de création décrivent souvent un monde engendré par l’union du Ciel et de la Terre, du Soleil et de la Lune, ou simplement d’un dieu et d’une déesse.
Les récits de rapt, de mariage, de séduction et de naissance chez les dieux sont souvent le reflet des coutumes politiques des peuples concernés. Ainsi, Isis, à l’origine une déesse mineure de la vallée du Nil Perehbet, fut « mariée » à Osiris, la déité du clan régnant dans la cité voisine, Busiris, au moment même où les deux cités s’alliaient.
The Great Cosmic Mother
Monica Sjoo est éco-féministe anarchique radicale, et une artiste de la déesse, une écrivain et penseurE. Elle est née en Suède en 1938 et vit à Bristol depuis la fin des années 50. Elle est active dans les mouvements féministes depuis les années 60. Ses peintures, inspirées par la vénération de la déesse mère-terre dans les cultures ancestrales ont été exposées en Europe et aux Etats-Unis.
« Je suis une Eco-sorcière, une activiste, et j’ai toujours été féministe. »
Elle commença à explorer les médecines alternatives quand son fils Sean fut atteint par un cancer à 28 ans, 2 mois après la mort de son fils de 15 ans, Leif, dans un accident de voiture. Sean mourut deux ans plus tard en 1987.
Barbara Mor est née dans le désert du sud-ouest des Etats-Unis. Barbara Mor, native of southwest American coast & desert (SoCal, AZ, NM). Work in Orpheus Grid, Sulfur, BullHead, Mesechabe, Ms., Trivia (US); Ecorche, Intimacy, Spectacular Diseases (UK). Online: DissidentVoice (6/14/04); Trivia Voices (2/05), CTheory (8/4/05). Author of pagan eco-feminist The Great Cosmic Mother: Rediscovering the Religion of the Earth (HarperSF 1987, 1991).
L’ancien testament
L’Ancien Testament est le premier ouvrage écrit dans le but d’influencer les âges à venir. Nous le lisons toujours 3000 ans plus tard. Il est l’ancrage de 3 puissantes religions; le judaïsme, le christianisme et l’islam. Chacune est une facette du patriarcat. Chacune de ces religions monothéiste obéit à une déité paternelle sans représentation dont l’autorité vient de sa parole, sanctifiée sous sa forme écrite. La conception d’une déité qui a une image concrète prépare la voie à une pensée abstraite qui mène inévitablement aux codes des loi, à la philosophie dualiste et à la pensée objective, les trois signatures de la culture occidentale.
Le judaïsme présentait la relation entre YHWH et son peuple, Israël, comme un mariage. Ceux qui déviaient de la religion étaient adultères, allant se prostituer auprès d’autres dieux. Il en fut ainsi au VIIIè siècle av. J.-C. quand Baal, le dieu cananéen de la fertilité fut adopté à la place de YHWH. Le mariage du prophète Osée devint le symbole du mariage entre YHWH et Israël sans foi lorsque dieu lui dit « Va prendre pour femme un prostituée et aie d’elle des enfants de prostituée car Israël quittera le Seigneur en s’adonnant à la prostitution ». La désapprobation juridique de la prostitution avait aussi une base politique évidente, car les prostituées étaient aussi souvent les prêtresses de cultes rivaux, tel celui des Cananéens où les rites sexuels jouaient un rôle important.
Babylone elle-même, qui retint les Juifs en captivité de 586 à 539 av.J.-C. etait décrite dans la Bible comme une prostituée. La Putain de Babylone, plus tard identifiée à la Rome Antique, incarnant le vice, la corruption et le mal, devint finalement la marque de tout Etat considéré comme corrompu. Dans le livre de l’Apocalypse, Babylon est décrite comme « la mère des fornications et des abominations de la terre », et sa destruction prédite. LSELS27
La lutte constante entre la religion matriarcale et la tradition est un des thèmes principaux de l’Ancien Testament.
Elle commence avec la Genèse; le jardin d’immortalité de la Déesse est approprié par un dieu mâle, et tous ses symboles sacrés - l’arbre, le serpent, la lune-fruit, la femme- sont inversés et transformés en symboles du mal. Des deux fils d’Adam et Eve, Caïn était le « mauvais frère » parce qu’il choisit l’agriculture (matriarcale); Abel, le pasteur nomade (et patriarcal) était le « bon frère ». Dans la guerre contre la Déesse, les prophètes jetèrent bas « le veau d’or », « les serpents de feu », « la grande tentatrice », « le prostituée de Babylone » (le déesse babylonienne Ishtar). Ils accusèrent les magiciennes, les devins, les pythies et tous ceux qui pratiquaient la magie. La triple déesse de la lune était représentée par 3 menhirs - « des idoles de pierre ». Un de ses temples se trouvait sur le mont Sinaï, ce qui veut dire « montagne de la Lune ». Dieu ordonna à Moise d’aller détruire ces idoles - qui avaient toutes des seins.
Un élément nouveau était apparu dans l’Ancien Testament; Dieu non seulement justifiait, mais commandait le massacre d’ennemis religieux, c’est- à- dire de gens qui croyaient en d’autres fois.
On appelle Yahweh le dieu jaloux. De quoi Yahweh était-il jaloux? De la Déesse et de son amant, de leur relation sexuelle et sacrée, de leur domination sur les coeurs et les esprits de générations de tribus néolithiques. Yahweh, seul de tous les dieux mâles de la terre, n’a jamais de relations sexuelles avec une femme. Le yang a son yin, les dieux du ciel ont leurs déesses de la terre. Même les dieux védiques, et plus tard, les dieux mâles indiens avaient des « principes féminins », ou « deuxième moitié » ou femmes avec lesquelles ils pouvaient faire l’amour. Mais pas Yahweh. Yahweh est le seul dieu mâle dans l’histoire de la terre qui n’a jamais fait l’amour à une femme ou a la terre.
Ce phénomène extraordinaire continue avec la naissance d’un fils conçu sans sexe, d’une mère vierge et asexuée, et qui recommande à ses disciples d’éviter le sexe et les femmes s’ils veulent atteindre le paradis.
Les païens n’avaient pas de système de morale basé sur le sexe. Celui-ci était sacré, la chair était une manifestation de l’esprit. Mais l’esprit était lié à l’énergie -humaine et divine- et l’on savait que l’énergie était facilement gâchée, déséquilibrée ou mal utilisée. Les peuples païens conçurent des rites de purification et de concentration d’énergie pour des activités spéciales ou des occasions où l’énergie de l’âme était en danger, à cause de l’intensité d’une rencontre, ou d’un changement. L’âme en tant que sens de l’identité personnelle et d’appartenance était en danger dans des situations archétypales et ontologiques; la naissance, la puberté, l’acte sexuel, manger, tuer, se battre. Les hommes passaient au moins trois jours d’abstinence avant une chasse ou une bataille. Une abstinence ou une purification rituelles étaient entreprises avant de faire l’amour, à la puberté, ou après la mort. Ces purifications/concentrations d’énergie spirituelle étaient une manière de faire face aux transformations qui pouvaient menacer le sens de soi (personnel), et la communauté (transpersonnel). Que ces purifications aient eu ou non à voir avec l’activité sexuelle, il ne s’agissait pas de moralisme. C’étaient des « technologies du sacré » (Mircea Eliade), des moyens de concentrer et de maintenir l’énergie spirituelle dans toutes les crises ou transformations archétypales.
Le système judéo-chrétien a gardé les technologies de purification, après en avoir extirpé les rites magiques et leurs raisons, ce qui mené à une obsession pour la pureté, la propreté… (‘Cleanliness is next to Godliness’ and so forth).
La morale sexuelle s’est construite sur cette obsession de manière pathologique, aliénant les gens de leur « saleté corporelle » et de celle des autres, avec une peur et un dégoût du corps et de ses activités, et un système de projection qui insiste sur la « saleté » des étrangers, d’ou des doctrines de pureté ou d’impureté raciale. Cette morale a offert une base au racisme, ainsi qu’au sexisme. Elle conduit aussi à un dégoût de la vieillesse, des maladies, des handicaps. Dans l’Ancien Testament, les prêtres de Yahweh devaient être purs, c’est à dire physiquement parfaits. Tous les autres étaient impurs aux yeux de dieu, spirituellement inférieurs. Comme il est écrit dans les textes, le but spirituel des prophètes et des rois pastoraux hébreux était la séparation et l’hostilité mutuelle des énergies mâle et femelle; le but politique final étant la punition (jusqu’à la dégradation) de la femme par l’homme.
« Et de plus Dieu dit, Comme les filles de Sion sont arrogantes et marchent avec le cou tendu et des yeux dévergondés, marchant et minaudant et faisant sonner leurs chevilles; Dieu frappera la couronne de la tête des filles de Sion; et le Seigneur découvrira leurs parties secrètes. » Isaiah 3:16,17
Le mythe biblique d’Adam et Eve et de leur expulsion du jardin d’Eden est une autre séparation de la femelle et du mâle à l’ordre de Yahweh. On peut reconnaître tous les éléments rituels et symboliques de cultes très anciens de la Déesse dans la Genèse; le jardin de la Déesse et son serpent de sagesse cosmique; l’arbre de la co-naissance avec son fruit sombre de soma; la figue de la déesse crétoise - qui devint pour les occidentaux la pomme magique de la déesse blanche. Eve veut dire « vie », et est appelée la mère de toute vie. Adam veut dire « le fils de la terre mère rouge ». Toutes ces légendes; tous ces mythes de création remontent à des milliers d’années avant que les patriarches hébreux écrivent la bible.
Mais dans la Genèse, c’est un père qui crée toute vie. Et la première femme est créée du corps de l’homme; une inversion biologique fascinante! Dès le premier livre, l’idéologie politico-historique des patriarches est clairement établie. Le nouveau dieu mâle interdit à Adam et Eve de prendre part aux rituels des mystères sacrés de la Déesse. Ils ne peuvent manger le fruit et avoir accès au savoir transcendantal. Bien sûr, Eve; en tant que prêtresse de la Déesse, désobéit à Yahweh. Elle essaye, avec l’aide de son serpent magique, de persuader Adam de partager le fruit narcotique et les rites sexuels qui mènent à l’illumination extatique et à la renaissance du Jardin d’Immortalité de la Déesse. Et c’est cela, « le pêché originel ».
De manière significative, le mariage patriarcal est la punition d’Eve pour son « pêché ». Elle ne devra désirer que son mari, elle doit quitter le jardin et suivre son mari vers une terre stérile et régie par l’homme; condamnée à des grossesses non désirées et à des accouchements dans la douleur. En d’autres termes, c’est le mariage patrilocal qui l’isole des collectifs de femmes et qui la prive de sa connaissance des plantes contraceptives et narcotiques, contre la douleur. Elle n’est plus prêtresse et sage-femme de la Déesse. Elle portera à présent avec amertume des enfants qui appartiendront à l’homme. Elle devra rester sur le dos, passive quand Adam lui fera l’amour, comme le père dans le ciel sur la terre obéissante.
Quand le culte du dieu mâle fut établi, il dut être difficile d’expliquer comment il pouvait être le créateur de toute vie dans la création - puisque l’homme, contrairement à la femme ne peut créer avec son corps ni un enfant, ni le moyen de sustenter cet enfant.
Toute la relation de l’homme vis-à-vis du divin se trouva violemment altérée.
Il ne pouvait exister entre un père et son enfant le même lien vital biologique et magique qu’entre une mère et son enfant, deux êtres évoluant dans le même corps, au même rythme.
Du point de vue religieux, cela voulait dire la perte de la relation physique, émotionnelle et spirituelle continue entre l’homme et le divin. L’unité est dualisée, le ‘soi’ est isolé à l’intérieur de lui-même, et le reste de l’univers, dieu inclus, est déplacé et réifié à l’extérieur de soi. Le père n’est pas cette substance nourricière, ne contient pas tout, ne comprend pas tout, et la relation entre les humains et dieu le père devient abstraite et aliénée, distante et moraliste.
Le dieu abstrait n’est pas organique.
Tout aussi inorganique, le système de classe rigide de maîtres royaux servis par des esclaves qui vint rapidement se mettre en place autour d’une élite patriarcale, après 300 000 à 500 000 ans de vie communautaire de l’Age de pierre.
La création est maintenant considérée mauvaise - le Créateur est séparé et au-dessus de sa création; il est parfait, elle est fautive. Et l’idée du péché original peut donc naître pour rationaliser cette nouvelle relation artificielle entre l’âme humaine et son dieu lointain. Ceci pose les bases de toutes les subséquentes relations artificielles; entre les hommes et dieu, entre les hommes, entre les hommes et le monde naturel, entre les dirigeants et les dirigés. Car à présent la relation primordiale est notre corruption matérielle commune et non notre essence divine commune. Et toute l’église est censée nous apporter la rédemption du péché d’être né de la mère.
Dieu s’est généré purement spirituellement, entièrement libre de la matière (car les prêtres insistent qu’il est libre de la mère) et ne participe pas au processus matériel.
Il devient difficile d’expliquer l’existence de la mort, de la maladie, de la souffrance - puisque ’Dieu’ n’a rien à voir là-dedans! Ou plus exactement, il devient très facile de les expliquer; tout devient la faute de la mère corrompue et de ses enfants - et de son amant païen, le diable.
Un dieu anti-sexuel est à présent considéré comme le père de toute vie! Et partout où vous trouverez un dieu puritain, vous trouverez aussi un dieu pornographique, car l’esprit aspire à l’équilibre.
Dieu le père étant considéré comme pure bonté, lumière et immobilité, comme le soleil à midi, les Hébreux et les Chrétiens durent inventer le Diable. Dans la Bible, les Hébreux de l’Ancien Testament font référence à Satan, ce qui veut dire ‘ennemi’- tout ennemi des Hébreux et de leur dieu était ‘satanique’. Les premiers Chrétiens, qui étaient en majorité des Hébreux ou leurs descendants entretinrent cette définition quasi politique du mal incarné jusqu’à ce que le Diable devienne la source de tout mal, obscurité, douleur, mort…
La matière n’est plus respectée comme la fondation du monde, du développement et de l’expérience. Elle n’est plus perçue comme un phénomène évolutionnaire, comme une forme d’énergie spirituelle, ou le potentiel de l’inconscient. La matière est à présent le féminin stupide et sombre, méprisée comme étant d’une valeur inférieure au mâle. Dans les doctrines musulmane et chrétienne, la matière est devenue inerte, totalement négative, démonisée et hostile à l’esprit. C’est le monde de la femme, opposé à celui de l’esprit dont les hommes hériteront.
L’avènement de la révolution industrielle, avec l’assise de la science en tant que religion patriarcale causa cependant une inversion critique. Sans pour autant annuler les associations négatives précédentes, le matérialisme devint l’idéologie dominante et masculine, alors que la spiritualité était consignée à une sphère périphérique de plus en plus éthérée et inutile, celle des ‘vapeurs féminines’. Mais la matière est toujours considérée comme inerte et idiote; le matérialisme ne trouve pas sa gloire dans la matière, mais dans la capacité de l’homme à la manipuler. Le nouveau matérialisme est la dévotion à la machine et au produit, et non la célébration vitale et extatique de l’esprit de la matière qui caractérisait la religion de la Déesse. Cette nouvelle poussée de matérialisme pousse à quitter l’orbite de la terre, à s’échapper des problèmes de nos origines corporelles saignantes, désordonnées, affamées, productrices de déchets - pour s'établir dans des stations spatiales entièrement stériles et créées de la main de l’homme, où l’astronaute, le prêtre moderne de la religion techno phallique réalise son vieux rêve; échapper entièrement aux processus terriens dans lesquels le reste d’entre nous pataugeons.
Le symbolisme anti-terrien, anti-naturel est directement lié au dualisme religieux. Il en naît une vision du monde purement abstraite, comme en mathématiques, dans laquelle les symboles humains ne sont pas compris comme faisant partie d’une réalité plus large - ils sont perçus comme étant la réalité. L’immortalité promise par la Déesse lunaire n’était pas un état de perfection et d’immobilité dans une lumière éternelle. Elle offre une vie sans cesse renouvelée comme celle même de la lune, dans laquelle le fait de diminuer et de mourir sont essentiels à la naissance et au développement de l’esprit. Sa rédemption ne nous sauve pas du péché et de la matière, mais des pièges mentaux qui bloquent notre expression à sa source. C’est l’union des contraires dans la psyché qui nous libère du pouvoir final de la mort, qui permet à la conscience de passer d’une dimension à une autre dans le champ cosmique. Ceci est la seule expérience de rédemption; être vécu par une autre présence - le créateur derrière l’ego.
Si les religions de dieu le père sont réactionnaires et anti-révolutionnaires, la raison en est simple; elles se sont construites en réaction à la religion de la déesse qui domina la pensée humaine pendant au moins 300 000 ans. Dieu, lui, n’a été conceptualisé comme uniquement mâle que depuis trois ou quatre mille ans.
La caractéristique d’un dieu olympien (patriarcal) par rapport à un dieu de mystère (matriarcal) est que la forme de l’olympien est rigidement définie et toujours humaine. Il a perdu ses formes animales et son pouvoir magique de changer d’une forme énergétique à l’autre. Il a perdu ses propriétés alchimiques. L’olympien est rationalisé, idéalisé, lointain, immortel - il a l’air trop géométrique pour bouger. Les poètes ont du mal à le rendre intéressant parce qu’il ne l’est pas. L’olympien n’évolue pas, il apothéose - au son des trompettes. Il n’est pas né d’une femme ou de la matière ou de la terre, mais de sa volonté absolue. Il représente une perfection statique sous forme humaine, incapable de transformation ou de changement extatique; en tant que dieu, il est un concept intellectuel. Ainsi, l’échange d’énergie entre toutes les créatures et leur dieu magique et polyforme est perdue. Le contact avec le pouvoir mystique évolutionnaire est brisé; dieu devient une idée, et son monde simple mécanisme.
La communauté des femmes n’est plus une communauté. Le patriarcat brise le collectif de femmes en capturant et en emprisonnant l’énergie de chaque femme dans la famille patrilocale. Confucius ‘The Three Obedience’ to father, husband and son. 600BC in China. The Hindu code of Manu…
La déesse avait été toute puissante mais elle était la mère de fils autant que de filles. Son corps enfantait des fils, qui étaient nourris par ses seins, et elle ne souhaitait pas que les hommes soient dégradés et détruits. Dans le matriarcat, les hommes n’étaient pas réduits à des unités techniques, à l’esclavage, ou à des objets sous humains. Elle savait qu’elle était le parent, et elle n’avait pas besoin de renforcer une religion artificielle avec des lois artificielles. La dégradation systématique de ses fils l’aurait dégradée elle-même, qui ne désirait que des ’fidèles’ libres et gracieux. Il n’est aucune religion de la déesse ou l’on voit les fidèles à genoux.
[1] Sjoo, M. (1987, 1991) The Great Cosmic Mother : Rediscovering the Religion of the Earth, Harper Collins, New York, 528 p.
Les Amazones
Selon la légende, les Amazones habitent les rives du Thermodon, en Cappadoce dans l'actuelle Turquie. Elles tuent leurs enfants mâles ou les rendent aveugles ou boiteux, pour ensuite les utiliser comme serviteurs. Quant aux femmes, elles coupent leur sein droit pour faciliter le tir à l'arc. Pour assurer la perpétuation de leur civilisation, elles s'unissent une fois par an avec les hommes des peuplades voisines dont elles choisissent les plus beaux.
Historiquement, des femmes armées ont souvent servi de gardes du corps royales. Chandragupta Maurya (322-298 av. J.-C.), le premier empereur à developper un état centralisé en Inde avait une garde personnelle composée de femmes grecques immenses. Les gardes du corps royales réapparaissent 2000 ans plus tard dans l’histoire de l’Inde pour les Nizams de Deccan et de Hyderabad. Sur l’île de Sri-Lanka, la famille royale Kandy avait une garde personnelle de femmes archers. En Europe, les femmes des tribus celtiques et germaniques se battaient aux côtés des hommes. Tacite nous dit que la reine Boadicée comptait plus d’hommes que de femmes dans son armée.
En Scandinavie, les femmes qui n’avaient pas la responsabilité d’une famille pouvaient prendre les armes et vivre en guerrières. On les appelait « shieldmaidens » et nombre d’entre elles apparaissent dans la mythologie nordique. Une des plus célèbres s’appelait Hervor et elle figure dans le cycle de l’épée magique Tyrfing. Le chroniqueur danois Saxo Grammaticus relate que lorsque le roi suédois Sigurd Ring et le roi danois Harald Wartooth se rencontrèrent à la bataille de Bråvalla, 300 shieldmaidens se battirent du côté danois mené par Visna, avec de petits boucliers et de longues épées.
Une légende qui pourrait être inspirée des Amazones grecques existe en Bohème. Selon la légende, une armée de femmes menée par une certaine Vlasta menèrent une guerre contre le duc de Bohème et asservirent ou tuèrent tous les hommes qui tombèrent entre leurs mains. Elles furent finalement battues par le duc. AU 16ème siècle, l’explorateur espagnol Orellana est entré en conflit avec des femmes sud-américaines de la rivière Maranon, que l’on renomma « rivière des Amazones » ou Amazone, bien que son nom puisse aussi venir de l’indien « amassona » (destructeur de bateaux).qui s’appliquait à un phénomène de marées.
Les Amazones de Dahomey (aujourd’hui le Bénin) était une unité militaire de 6000 femmes qui furent actives entre le 16ème et le 19ème siècle. Elles rencontrèrent de nombreux succès contre les pays voisins, avant d’être défaites par les Français. La Libye a une longue tradition de femmes amazones qui est probablement plus ancienne que celle des Amazones grecques. Aujourd’hui même, Khadafi est gardé par des soldates. Les autres groupes africains qui intégraient les femmes dans leurs armées étaient les Igbo et les Fulani.
Au royaume de Siam au 19ème siècle, le roi avait un bataillon personnel de 400 femmes armées de lances. Elles étaient choisies parmi les plus belles femmes du royaume et avaient la réputation d’être d’excellentes combattantes, mais elles étaient considérées trop précieuses pour être envoyées à la guerre. Chez les Arabes, les Aborigènes d’Australie, les Berbères, les Chinois, les Kurdes, les Philippins, les Maori, les Micronésiens, les Papous de Nouvelle-Guinée et les Rajputs, les femmes pouvaient choisir la profession des armes.
Il y eut environ 400 femmes soldats pendant la guerre de Secession, comme Mary Anne Talbot et Hannah Snell.
La Belle au Bois Dormant
Le thème de la Belle au Bois Dormant est celui du long sommeil de l’hiver et de l’éveil du printemps. La déesse de la terre, piquée par la flèche de l’hiver tombe dans un profond sommeil dont elle ne sera tirée que par le Soleil qui viendra à sa recherche.
Cette légende rappelle la nordique Balder et la grecque Perséphone. Certains aspects apparaissent aussi dans Les Deux Frères, une légende égyptienne de la 19ème dynastie de Seti II où les Hathor prononcent un destin pour le prince similaire à celui de la princesse. Le rouet dont l’aiguille cause le sommeil est la flèche qui blessa Achille, l’épine qui perça Siegfried, le gui qui blessa Balder, et les griffes empoisonnées du démon dans Surya Bai. Dans sa forme nordique, c’est le lierre, la seule plante qui supporte l’hiver.
Le thème du long sommeil se retrouve dans la légende médiévale des Sept Dormeurs d’Ephèse, dans l’histoire anglaise du Roi d’Angleterre et ses Trois Fils et dans l’histoire de Brunehilde, dans Siegfried. Dans cette dernière un cercle enflammé entoure Brunehilde qui est eveillée par le contact de l’épée magique de Siegfried, tout comme la Belle au Bois Dormant est éveillée par le baiser du prince. Le baiser pourrait être une trace des rites de dévotion à une déesse locale.
Dans le Panch-Rhul Ranee hindou, sept fossés surmontés de sept haies de lances entourent l’héroïne.
Des versions Grimm et Perrault de la Belle au Bois Dormant, c’est celle de Perrault qui est la plus longue et la plus complexe, car elle contient l’histoire mineure de la cruelle belle-mère, alors que l’histoire de Grimm est un modèle de structure découpé en 10 chapitres. Le personnage de la Belle apparaît aussi dans le Pentamerone de Basile où le petit bébé ôte l’épi de lin du doigt de sa mère endormie en le suçant. La version de Perrault rejoint celle de Basile en ce qui concerne les noms des enfants, qui s’appellent Soleil et Lune dans le Pentamerone, et Jour et Aube.
Même les cowgirls ont du vâgue à l’âme
Tom Robbins, auteur de Même les cow-girls ont du vague à l’âme a été qualifié d'“écrivain le plus sauvage et le plus entraînant de cette terre” par le Financial Time de Londres. Thomas Pynchon a écrit : “Tom Robbins a une vision des choses qui éblouit l’esprit. C’est un conteur de toute première catégorie.” Le Corriere della Sera enfin le considère tout simplement comme: "l’écrivain le plus dangereux du monde”.“Père de la culture pop”, “écrivain culte par excellence”, ou encore “Houdini de la métaphore”, les qualificatifs concernant Tom Robbins ne manquent pas. Son œuvre est célébrée aux États-Unis, en Asie et dans la plupart des pays européens. Il est en outre une référence absolue dans le monde mystérieux des “hackers”. Editions du Cherche Midi
«Il n’y a pas de mais. Spirituellement, je suis un homme riche. De par mon héritage asiatique, j’ai hérité d’une certaine aisance spirituelle. Mais – et toi et Debbie et les pélerins et les soi-disant pélerins doivent le comprendre – je ne peux pas partager cette richesse ! Pourquoi ? Parce que la monnaie spirituelle asiatique n’est tout simplement pas échangeable dans votre culture occidentale. Ce serait comme envoyer des dollars à des Pygmées. Tu ne peux pas dépenser de dollars dans la jungle africaine. La meilleure utilisation que les Pygmées pourraient tirer des billets serait d’allumer des feux avec. Dans tout l’Occident, je vois des gens entassés autour de petits feux à se réchauffer avec du bouddhisme, du taoïsme, de l’hindouïsme et du Zen. Et c’est là le maximum qu’ils pourront en tirer. Se réchauffer les pieds et les mains. Ils ne peuvent pas s’approprier véritablement l’hindouïsme – ils ne sont pas hindous. Ils ne peuvent pas réellement s’approprier le Tao – ils ne sont pas chinois. Le zen les lâchera au bout d’un moment – son feu s’éteindra – puisqu’ils ne sont pas japonais comme moi. Le fait de se tourner vers des philosphies religieuses asiatiques pourra temporairement illuminer leurs vies, mais dans le fond c’est futile, parce qu’ils nient leur propre histoire, ils mentent sur leur héritage. Tu peux accrocher un arc-en-ciel à un faux arc-en-ciel – c’est ce que fait Jellybean – mais tu ne peux pas accrocher un arc-en-ciel à un mensonge.
Vous autres Occidentaux, vous êtes spirituellement pauvres. Vos philosophies religieuses sont appauvries. Et alors ? Elles se sont probablement appauvries pour de très bonnes raisons.
L'homme vert
Le dieu Pan
Pourquoi ne pas apprendre cette raison ? C’est certainement plus intéressant que de se raser le caillou et de s’envelopper dans les chapelets et les costumes de traditions que vous ne comprendrez jamais qu’à moitié. Admettez donc, en premier lieu, votre pauvreté spirituelle. Confessez-la. C’est le point de départ. Si vous n’avez pas le courage de commencer là, entièrement nu dans votre pauvreté et sans honte, vous ne trouverez jamais la sortie de l’ornière. Et des parures orientales empruntées ne couvriront pas votre mensonge ; ils ne feront que vous rendre plus seul.
- Mais que peut faire un Occidental, alors, dans sa pauvreté ?
- L’endurer. L’endurer avec candeur, humour et grâce.
- Tu dis que c’est foutu, alors ?
- Non. J’ai déjà suggéré que la désolation spirituelle de l’Occident a probablement un sens, et qu’il pourrait être avantageux d’explorer ce sens. Un occidental recherchant une connaissance plus haute, plus profonde pourrait commencer à creuser dans l’histoire religieuse de son peuple. Ce n’est pas facile, cependant, parce que le christianisme bloque les voies d’accès comme une montagne sur roues.
- Je ne comprends pas. Je pensais que le christianisme était notre héritage spirituel. Comment peut-il bloquer… ?
- Oh, Sissy, tu commences à m’ennuyer. Le christianisme, petite niaise, est une religion orientale. Il y a de grandes vérités dans ses enseignements, tout comme il y en a dans le bouddhisme et l’hindouïsme, des vérités universelles, c'est-à-dire qui parlent aux cœurs et esprits des gens partout dans le monde. Mais le christianisme vient d’Orient, ses origines sont hautement suspectes, et son dogme était déjà vastement perverti au moment où il a posé un pied en Occident. Tu penses donc qu’il n’y avait pas de divinité en Occident avant le dieu oriental étranger Jehovah ? C’est faux. Les peuples d’Angleterre et d’Europe – les Anglos et les Saxons et les Latins – vénéraient une déité depuis les temps néolithiques les plus reculés.
Le cornu. L’ancien dieu. Un homme-chèvre obscène qui offrait des riches récoltes et des bébés rebondis ; un dieu poilu, joyeux qui aimait la musique et la danse et la bonne chair ; un dieu des champs et des bois et de la chair ; un dieu fécond qui pourvoyait aux besoins de ceux qui l’aimaient et qui pouvait être appelé aussi bien par la fornication que par la méditation, qui écoutait les chansons comme les prières ; un dieu aimé car il plaçait le plaisir devant l’ascétisme, parce que la jalousie et la vengeance n’étaient pas dans son caractère.
Les fêtes principales de l’ancien dieu était la nuit de Walpurgis (le 30 avril), Candlemas (le 2 février), Lammas (le 1er août) et Halloween (le 31 octobre). La fête qu’aujourd’hui vous appelez Noël était à l’origine une orgie pour l’ancien dieu (toutes les sources historiques s’accordent à dire que Jésus est né en juillet). Ces fêtes furent célébrées pendant des milliers d’années. Et l’adoration du dieu ancien, souvent déguisé en homme vert ou Robin Longfellow continua subrepticement bien après que la chrétienté a refermé sa prise glaciale sur l’occident. Mais rien n’est plus sournois que les pouvoirs chrétiens.
Lucifer
L’église se fixa de transformer l’image de Lucifer, dont le vieux testament nous dit qu’il était un ange de lumière, le premier lieutenant de dieu. L’église commença à nous apprendre que Lucifer avait des cornes et les sabots des boucs libidineux. En d’autres termes, les chefs de la conquête chrétienne eurent la ruse de donner à Lucifer les aspects physiques – et autres – de l’ancien dieu. Ils transformèrent l’ancien dieu en diable. Ceci est la plus cruelle calomnie, la plus scandaleuse diffamation, la distortion la plus vicieuse de l’histoire de l’humanité. Le président des Etats-Unis est un bouffon de carnaval comparé aux premiers papes.
- Si je – si nous les Occidentaux allons creuser notre héritage, qu’y trouverions-nous ? Quelque chose de précieux ? Quelque chose d’aussi riche que votre héritage oriental ? Qu’y trouverions-nous?
- Tu y trouverais des femmes, Sissy. Et des plantes. Des femmes et des plantes. Souvent en combinaison.
- Si je – si nous les Occidentaux allons creuser notre héritage, qu’y trouverions-nous ? Quelque chose de précieux ? Quelque chose d’aussi riche que votre héritage oriental ? Qu’y trouverions-nous?
- Tu y trouverais des femmes, Sissy. Et des plantes. Des femmes et des plantes. Souvent en combinaison.
Les plantes sont puissantes et renferment bien des secrets. Nos vies sont liées au monde végétal bien plus étroitement qu’aucun de nous ne peut l’imaginer. L’ancienne religion reconnaissait les supériorités subtiles de la vie végérale. Elle essayait de comprendre ce qui poussait et de leur offrir leur dû, leur respect.
Un des ordres les plus développés de l’ancienne religion, le druidisme prend son nom de druuid, un mot d’ancien gaélique dont la première syllabe veut dire « chêne » et la seconde « celui/celle qui a la connaissance ». Un druide est donc quelqu’un qui connaît les chênes – et le gui soi-disant empoisonné qui pousse dessus et qui était sacré pour les druides.
Dans les temps anciens, chaque village avait au moins une femme sage, une sorcière. Ces femmes étaient de véritables expertes en botanique. Elles connaissaient intimement ls champignons et les herbes. Elles utilisaient les plantes pour guérir le corps et libérer l’esprit. Ces femmes étaient des guérisseuses, des nourricières, bien sûr. On utilise encore certains de leurs remèdes comme la digitaline (FOXGLOVE) et l’atropine qui vient de la belladonne aujourd’hui.
Oui, si tu grattes au-delà de la conquête chrétienne pour retrouver ton véritable héritage, tu trouveras des femmes qui faisaient des choses extraordinaires. Elles n’étaient pas seulement les servantes principales de l’ancien dieu, mais aussi ses maîtresses, le vrai pouvoir derrière son trône en citrouille. Les femmes contrôlaient l’ancienne religion. Elle avait peu de prêtres, mais beaucoup de prêtresses. Il n’y avait pas de dogme, chaque prêtresse interprétait la religion à sa manière. La Mère – créatrice et destructrice – instruisait l’ancien dieu, elle était sa mère, sa femme, sa fille, sa sœur, son égale et son partenaire extatique dans leur sexe continuel.
Si tu peux regarder au-delà de la chrétienté, tu trouveras des légions de sages-femmes, de déesses, de sorcières et de grâces. Tu trouveras des bergères, des accoucheuses, des protectrices de la vie. Tu trouveras des danseuses, nues ou en habits de fougère. Tu trouveras des femmes comme les femmes de Gaulle, grandes, splendides, nobles, arbitres de leur propre peuple, maîtresses de leurs enfants, prêtresses de la nature, les reines-guerrières celtiques. Tu trouveras les matriarches tolérantes de la Rome païenne – quel contraste avec César et les papes ! Tu trouveras les femmes druides, fines astronomes et mathématiciennes qui créerent Stonhenge, le premier mécanisme top-cool à marquer le temps qui fonctionne pile-poil, sans compèt’. (the premium acme apex top-banana clockworks of its era, bar none. !!!!)
Dans les temps anciens, chaque village avait au moins une femme sage, une sorcière. Ces femmes étaient de véritables expertes en botanique. Elles connaissaient intimement ls champignons et les herbes. Elles utilisaient les plantes pour guérir le corps et libérer l’esprit. Ces femmes étaient des guérisseuses, des nourricières, bien sûr. On utilise encore certains de leurs remèdes comme la digitaline (FOXGLOVE) et l’atropine qui vient de la belladonne aujourd’hui.
Oui, si tu grattes au-delà de la conquête chrétienne pour retrouver ton véritable héritage, tu trouveras des femmes qui faisaient des choses extraordinaires. Elles n’étaient pas seulement les servantes principales de l’ancien dieu, mais aussi ses maîtresses, le vrai pouvoir derrière son trône en citrouille. Les femmes contrôlaient l’ancienne religion. Elle avait peu de prêtres, mais beaucoup de prêtresses. Il n’y avait pas de dogme, chaque prêtresse interprétait la religion à sa manière. La Mère – créatrice et destructrice – instruisait l’ancien dieu, elle était sa mère, sa femme, sa fille, sa sœur, son égale et son partenaire extatique dans leur sexe continuel.
Si tu peux regarder au-delà de la chrétienté, tu trouveras des légions de sages-femmes, de déesses, de sorcières et de grâces. Tu trouveras des bergères, des accoucheuses, des protectrices de la vie. Tu trouveras des danseuses, nues ou en habits de fougère. Tu trouveras des femmes comme les femmes de Gaulle, grandes, splendides, nobles, arbitres de leur propre peuple, maîtresses de leurs enfants, prêtresses de la nature, les reines-guerrières celtiques. Tu trouveras les matriarches tolérantes de la Rome païenne – quel contraste avec César et les papes ! Tu trouveras les femmes druides, fines astronomes et mathématiciennes qui créerent Stonhenge, le premier mécanisme top-cool à marquer le temps qui fonctionne pile-poil, sans compèt’. (the premium acme apex top-banana clockworks of its era, bar none. !!!!)
Il y a plein de trésors dans votre Antiquité, si vous arrivez à les atteindre. Leur comparaison avec les miens est une autre histoire. Peut-être que les manques des vôtres se situent dans le rayon de la lumière. Bouddha, Rama et Lao Tseu ont apporté de la lumière à ce monde. Jésus Christ était aussi une manifestation vivante de lumière, bien qu’au moment où ses enseignements furent exportés vers l’ouest, saint Paul avait déjà taillé la mèche, et le rayon Jésus s’estompa de plus en plus.
Il s’éteignit totalement au 4ème siècle. La chrétienté n’a plus aucune chaleur à donner – et elle n’a de toute façon jamais été très chaleureuse. En revanche, l’ancienne religion était profondément chaleureuse. Il ne lui manquait certainement pas de chaleur. Mais c’était une chaleur qui ne produisait que peu de lumière. Elle réchauffait chaque poil de mammifère, chaque cellule du système reproducteur, mais elle n’allumait pas cette ampoule General Electric dorée qui pend tout en haut du dôme le plus élevé de notre âme. Il y avait suffisamment de pure énergie sensuelle dans l’ancienne religion pour conduire tous ses partisans vers l’illumination si cela avait été son but. Malheureusement, elle fut renversée et vidée par la chrétienté avant de pouvoir transformer sa chaleur en lumière. Peut-être est-ce cette trajectoire qui doit être complétée, le but logique de l’homme occidental. En tant qu’individus, bien sûr, pas en tant que groupes organisés. Et les États-Unis d’Amérique est le l’endroit logique de reconstruction des feux du paganisme et de transformation en lumière. Peut-être. Il se pourrait que j’aie tort. Mais je peux dire sans me tromper qu’il y a de nombreux trésors à trouver dans l’antiquité si tu y arrives. »
« Mais on ne peut pas revenir en arrière », dit Sissy. « Nous ne pouvons pas vivre tournés vers le passé. »
« Non, vous ne pouvez pas. La technologie façonne les esprits autant que les environnements, et peut-être les peuples occidentaux sont-ils trop sophistiqués, trop aliénés de la Nature de manière permanente pour utiliser réellement votre héritage païen. Cependant, des liens peuvent être établis. Renouer avec son passé, rétablir la continuité brisée de votre développement spirituel, ce n’est pas la même chose qu’une retraite romantique et sentimentale vers un mode de vie plus simple, plus rustique. Essayer de se transformer en bûcheron du fond des bois en des temps de technologie électronique est sans doute une tentative aussi malavisée que d’essayer d’être hindou quand on est anglo-saxon. Cependant, votre race a perdu beaucoup de choses précieuses sur la route du soi-disant progrès et vous devez repartir en arrière pour les récupérer. Même si ça ne sert qu’à ça, le fait de découvrir par où vous êtes passés pourra vous aider à découvrir où vous allez.
Si vous allez quelque part. Ha ha ha ho ho and he he he.»
[1] Robbins, T. (1990) Even Cowgirls Get The Blues, Bantam, New York, 384 p.
« Mais on ne peut pas revenir en arrière », dit Sissy. « Nous ne pouvons pas vivre tournés vers le passé. »
« Non, vous ne pouvez pas. La technologie façonne les esprits autant que les environnements, et peut-être les peuples occidentaux sont-ils trop sophistiqués, trop aliénés de la Nature de manière permanente pour utiliser réellement votre héritage païen. Cependant, des liens peuvent être établis. Renouer avec son passé, rétablir la continuité brisée de votre développement spirituel, ce n’est pas la même chose qu’une retraite romantique et sentimentale vers un mode de vie plus simple, plus rustique. Essayer de se transformer en bûcheron du fond des bois en des temps de technologie électronique est sans doute une tentative aussi malavisée que d’essayer d’être hindou quand on est anglo-saxon. Cependant, votre race a perdu beaucoup de choses précieuses sur la route du soi-disant progrès et vous devez repartir en arrière pour les récupérer. Même si ça ne sert qu’à ça, le fait de découvrir par où vous êtes passés pourra vous aider à découvrir où vous allez.
Si vous allez quelque part. Ha ha ha ho ho and he he he.»
[1] Robbins, T. (1990) Even Cowgirls Get The Blues, Bantam, New York, 384 p.
Féminisme : la deuxième vague
Il est communément admis que la sortie du livre de Betty Friedan The Feminine Mystique en 1963 a lancé ce que l’on appelle la deuxième vague du féminisme, même si certainEs mettent Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir en haut de la liste d’ouvrages féministes contemporains. A la fin des années 60, les femmes nord-américaines s’étaient inspirées du mouvement d’émancipation des Noirs et se battaient sur les grands thèmes de la libération féminine; salaire égal pour travail égal.
Le futur qui n’est jamais venu[1]
[…] Dans le mouvement des droits civils, comme dans le mouvement pour la paix, comme chez les Students for a Democratic Society, comme partout dans la nouvelle gauche (New Left), les femmes jouaient un rôle de soutien. « Leur milieu, leur éducation, leur idéologie, leur expérience – tout cela promettait à la femme de la nouvelle gauche l’égalité. Et pourtant leur expérience dans le mouvement a été perturbante et éprouvante», écrit l’historien des mentalités Todd Gitlin dans The Sixties: Years of Hope, Days of Rage. «Les hommes les recherchaient, les recrutaient, les prenaient au sérieux, respectaient leur intelligence – et les reléguaient subtilement aux rôles de petites amies, épouses, secrétaires, barmaid.» Le fameux commentaire du militant des Black Panthers Stokeley Carmichael auprès du Comité Etudiant et Non-Violent de Coordination n’a pas aidé la situation; «La position des femmes [dans le mouvement] est allongée.»
Les femmes ont donc commencé à se voir sans les hommes, entre «soeurs» pour «consciousness-raising»[2]. C’était une technique empruntée à Mao Tse Tung et aux groupes de «paroles d’amertume» qui galvanisaient les paysans pendant la révolution chinoise, et que chaque militant radical lisait dans Fanshen de William Hinton, un récit des villageois de la province de Shanxi qui avaient ainsi absorbé le message libérateur du communisme et rejeté les chaînes de la hiérarchie bourgeoise.[3]
Le féminisme avait déjà commencé à renaître de ses cendres en 1963 quand Betty Friedan publia The Feminine Mystique et fonda The National Organization for Women (NOW). Mais les femmes attirées par le « consciousness raising » étaient d’une autre sorte. «Friedan, la mère du mouvement, et l’organisation faite à son image étaient indécrottablement bourgeoises», écrivit Susan Brownmiller. «L’interêt de NOW pour le changement législatif laissaient les militants froids.» Friedan et ses disciples s’étaient battues pour des avancées subtiles, comme la désegrégation des petites annonces du New York Times qui étaient autrefois classées par sexe pour différencier le «travail féminin» des vraies carrières. Mais Susan Brownmiller cherchait typiquement quelque chose de plus énorme et de moins facile; l’écroulement du patriarcat, qui devait commencer dans les esprits et les chambres à coucher des Américains aussi bien que sur leurs lieux de travail – un changement qui devait commencer de l’intérieur.[…]
Des changements qui influenceraient la vie des Américaines pour toujours s’étaient produits en un peu plus d’une décennie. La pilule fut approvée par le FDA[4] en 1960. Le Congrès vota la loi du salaire égal en 1963. La loi des droits civils, passée en 1964 interdit la discrimination sur la base du sexe, de la race, de la religion et interdit aux entreprises de réserver des emplois spécifiques aux hommes ou aux femmes et de renvoyer une femme parce qu’elle est enceinte. NOW a été fondée an 1966, et NARAl en 1969[5]. La première édition de Our Bodies, Ourselve[6]s a été publiée en 1970 et est devenue le guide du sex essentiel aux féministes et aux progressistes. L’anthologie de la poétesse féministe Robin Morgan Sisterhodd is Powerful[7] a fait date cette année-là. En 1972 la Cour Suprême a accordé le droit à la contraception aux couples non-mariés dans sa décision Eisenstadt contre Baird, et l’amendement pour l’égalité des droits (Equal Rights Amendement, ERA) est passé par les deux organes du Congrès. ( L’ERA, don’t l’intitulé est «L’égalité des droits devant la loi ne doit pas être niée ou modifiée par le gouvernement fédéral ou un des Etats pour des motifs tenant au sexe des personnes» a manqué la ratification par trois votes de trois Etats 10 ans plus tard). Et finalement, en 1973, il y a eu Roe[8].
Ces évènements étaient des victoires pour deux mouvements révolutionnaires qui auraient un impact gigantesque sur la redéfinition de la féminité aux Etats-Unis; le mouvement de libération des femmes et la révolution sexuelle. Ces deux mouvements se rejoignaient sur de nombreux points. De nombreuses personnes étaient impliquées dans les deux causes, et leurs luttes initiales furent partagées. Mais un schisme viendrait à se former entre les deux mouvements, et certains des thèmes qui les avaient réunis en viendraient à les opposer de manière irréconcialiable, et le mouvement féministe avec.
Whoopi Goldberg Ashley Judd
[1] Levy, A. (2005) Female Chauvinist Pigs, Free Press, New York, 224 p.
[2] « Conscientisation » ou éveil des esprits, en français.
[3] Voir
[4] La Food and Drug Administration
[5] National Association for the Repeal of Abortion Laws. Aujourd’hui, National Abortion Rights Action League
[6] Collective, B. W. s. H. (1969) Our Bodies, Our Selves, Touchstone, Boston, 848.
[7] Morgan, R. (1970) Sisterhood is Powerful, Vintage, New York,
[8] Roe vs. Wade est le jugement de la Cour Suprême qui légalise l’avortement.
[1] Levy, A. (2005) Female Chauvinist Pigs, Free Press, New York, 224 p.
[2] « Conscientisation » ou éveil des esprits, en français.
[3] Voir
[4] La Food and Drug Administration
[5] National Association for the Repeal of Abortion Laws. Aujourd’hui, National Abortion Rights Action League
[6] Collective, B. W. s. H. (1969) Our Bodies, Our Selves, Touchstone, Boston, 848.
[7] Morgan, R. (1970) Sisterhood is Powerful, Vintage, New York,
[8] Roe vs. Wade est le jugement de la Cour Suprême qui légalise l’avortement.
Si les hommes avaient leurs règles ...
[1]
Gloria Steinem nait en août 1934 et passe une partie de son adolescence à s’occuper de sa mère, malade et dépressive. Celle-ci ayant renoncé à sa carrière pour son mari et ses enfants, Gloria Steinem décide de ne pas commettre la même erreur. Enceinte, elle rompt avec son fiancé et avorte à l’étranger avant de partir en Inde où elle découvre la protestation non-violente. En 1959, elle emménage à New York où elle devient journaliste et assistante éditorialiste pour Help !, Esquire, Glamour et Show. C’est à cette époque qu’elle écrira le fameux article sur Playboy, « Histoire d’une Bunny ».
C’est en 1968 qu’elle s’investit entièrement dans le mouvement féministe et en 1972 qu’elle fonde Ms., le premier magazine par et pour des femmes qui traite sérieusement des sujets « féminins ».
Elle a depuis fondé plusieurs associations, la Fondation Ms., le National Women's Political Caucus et la Coalition of Labor Union Women, et écrit plusieurs best-sellers"Revolution From Within: A Book of Self-Esteem" et "Outrageous Acts and Everyday Rebellions."
Gloria Steinem s’est mariée pour la première fois en 2000, à l’âge de 66 ans avec David Bale, 61 ans.
«Les caractéristiques des puissants, quelles qu'elles soient, sont toujours considérées supérieures aux caractéristiques des faibles, et la logique n’a rien à voir là-dedans.»
Que se passerait-il si c’était les hommes qui avaient leurs règles, et non plus les femmes?
Les règles deviendraient un événement masculin enviable et digne de fierté.
Les hommes se vanteraient de la durée et du flot.
Les garçons marqueraient l’arrivée de leurs règles, ce symbole tant attendu de virilité, avec des célébrations religieuses, et des fêtes strictement masculines.
Le Congrès créerait un Institut National de Dysménorrhée pour combattre les douleurs mensuelles.
Le gouvernement fournirait les fonds pour des protections sanitaires gratuites. Bien sûr, les hommes achèteraient toujours des marques prestigieuses, comme les tampons John Wayne, les caleçons Joe Namath ‘pour les jours à flot léger des célibataires’, et les serviettes maxi plus Robert Baretta. (+Muhammad Ali’s Rope-a-Dope pads!!)
Les militaires, les politiciens de droite et les groupes religieux prendraient les règles comme preuve que seuls les hommes peuvent servir dans l’armée (’pour faire couler le sang, il faut donner du sang’), faire de la politique (’nous avons des règles’, ‘comment une femme pourrait-elle être agressive sans ce ferme flot de sang gouverné par la planète Mars?’), être prêtres ou pasteurs (‘une femme ne peut pas donner du sang pour nos péchés’), ou rabbins ("Sans l’évacuation mensuelle de ses impuretés, la femme reste souillée").
Gloria Steinem nait en août 1934 et passe une partie de son adolescence à s’occuper de sa mère, malade et dépressive. Celle-ci ayant renoncé à sa carrière pour son mari et ses enfants, Gloria Steinem décide de ne pas commettre la même erreur. Enceinte, elle rompt avec son fiancé et avorte à l’étranger avant de partir en Inde où elle découvre la protestation non-violente. En 1959, elle emménage à New York où elle devient journaliste et assistante éditorialiste pour Help !, Esquire, Glamour et Show. C’est à cette époque qu’elle écrira le fameux article sur Playboy, « Histoire d’une Bunny ».
C’est en 1968 qu’elle s’investit entièrement dans le mouvement féministe et en 1972 qu’elle fonde Ms., le premier magazine par et pour des femmes qui traite sérieusement des sujets « féminins ».
Elle a depuis fondé plusieurs associations, la Fondation Ms., le National Women's Political Caucus et la Coalition of Labor Union Women, et écrit plusieurs best-sellers"Revolution From Within: A Book of Self-Esteem" et "Outrageous Acts and Everyday Rebellions."
Gloria Steinem s’est mariée pour la première fois en 2000, à l’âge de 66 ans avec David Bale, 61 ans.
«Les caractéristiques des puissants, quelles qu'elles soient, sont toujours considérées supérieures aux caractéristiques des faibles, et la logique n’a rien à voir là-dedans.»
Que se passerait-il si c’était les hommes qui avaient leurs règles, et non plus les femmes?
Les règles deviendraient un événement masculin enviable et digne de fierté.
Les hommes se vanteraient de la durée et du flot.
Les garçons marqueraient l’arrivée de leurs règles, ce symbole tant attendu de virilité, avec des célébrations religieuses, et des fêtes strictement masculines.
Le Congrès créerait un Institut National de Dysménorrhée pour combattre les douleurs mensuelles.
Le gouvernement fournirait les fonds pour des protections sanitaires gratuites. Bien sûr, les hommes achèteraient toujours des marques prestigieuses, comme les tampons John Wayne, les caleçons Joe Namath ‘pour les jours à flot léger des célibataires’, et les serviettes maxi plus Robert Baretta. (+Muhammad Ali’s Rope-a-Dope pads!!)
Les militaires, les politiciens de droite et les groupes religieux prendraient les règles comme preuve que seuls les hommes peuvent servir dans l’armée (’pour faire couler le sang, il faut donner du sang’), faire de la politique (’nous avons des règles’, ‘comment une femme pourrait-elle être agressive sans ce ferme flot de sang gouverné par la planète Mars?’), être prêtres ou pasteurs (‘une femme ne peut pas donner du sang pour nos péchés’), ou rabbins ("Sans l’évacuation mensuelle de ses impuretés, la femme reste souillée").
Mais les radicaux, les politiciens de gauche et les mystiques insisteraient que la femme est l’égale de l’homme, juste différente, et que toute femme est invitée à les rejoindre si elle s’auto-mutile une fois par mois (’Tu dois donner du sang pour la révolution’), reconnaît l’importance de la menstruation, et subordonne sa vie aux hommes dans leur Cycle Spirituel.
Les mecs se vanteraient ‘Il me faut 3 serviettes’
Les sitcoms traiteraient le sujet en long, en large et en travers ; Happy Days: Richie et Potsie essaieraient de convaincre Fonzie qu’il est toujours ‘The Fonz’ malgré le fait qu’il n’a pas eu ses règles depuis 2 mois. Les journaux titreraient: « Alerte aux requins; hommes, attention! » « Le juge accorde un non-lieu au violeur pour stress menstruel ». Et les films; Newman et Redford dans ’Frères de sang’.
Les hommes essaieraient de convaincre les femmes que le sexe est beaucoup plus intense à ce moment-la. Les lesbiennes seraient considérées comme ayant une peur et un rejet du sang, donc de la vie - et elles auraient bien besoin d’un vrai mec pour leur apprendre.
Les intellectuels offriraient les arguments les plus logiques et les plus nombreux. Comment les femmes pourraient-elles exceller dans des disciplines exigeant un sens du temps, de l’espace, des mathématiques et des mesures, sans ce don précieux qui permet de mesurer les cycles de la lune et des planètes- et qui est donc a l’origine de tout calcul? Dans les domaines élitistes de la religion et de la philosophie, comment les femmes pourraient-elles compenser cette absence de contact avec l’univers? Ou l’absence de la compréhension symbolique de la mort chaque mois?
Les hommes de gauche essaieraient de calmer le jeu; le fait que ’ces gens’ n’aient pas de don inné pour mesurer la vie et se connecter a l’univers est déjà une punition en soi.
Et comment apprendrait-on aux femmes à réagir?
On peut s’imaginer les femmes traditionnelles acceptant ces théories avec un souriant et solide masochisme. (‘Le MLF voudrait que les femmes se mutilent chaque mois!’ ’Le sang de votre mari est aussi sacré que celui de Jésus - et tellement sexy!’). Les réformatrices essaieraient d’imiter les hommes en prétendant avoir un cycle mensuel. Les féministes tenteraient d’expliquer que les hommes doivent être libérés de l’idée erronée de l’agressivité martienne, tout comme les femmes doivent être libérées de leur jalousie à l’égard de ce phénomène. Les féministes radicales ajouteraient que l’oppression de la non menstruation est le modèle pour toutes les autres oppressions. (’Les vampires étaient les premiers combattants de la liberté!). Les féministes culturelles développeraient une imagerie pure de tout sang en art et en littérature. Les féministes socialistes insisteraient que ce n’est que le capitalisme qui permet aux hommes de monopoliser le sang menstruel… en fait, si les hommes avaient leurs règles, les justifications du pouvoir continueraient ad vitam aeternam.
Si on les laisse faire.
[1] Steinem, G. (1983, 1995) Outrageous Acts and Everyday Rebellions : Second Edition, Henry Holt and Company, New York, 432 p.
The Good Body
Eve Ensler nait dans une famille affluente de l’Upper East Side à New York. A l’adolescence, elle est violée par son père, le président d’une grande entreprise, ce qui la fait se renfermer sur elle-même et quitter la ville pour une université d’art du Vermont, où elle commence à trouver sa voix/e. Après l’université, elle revient à New York où elle devient serveuse et tombe dans l’alcool. Elle rencontre alors Richard McDermott, un barman qui l’aidera à s’en sortir et dont elle adoptera le fils, Dylan. Ils se marient et il la soutient dans ses projets théâtraux. La carrière d’Eve démarre vraiment avec Les Monologues du Vagin, actuellement traduit en vingt-huit langues et dont un demi million d’exemplaires a été vendu à ce jour dans le monde. Elle fonde V-Day en 1998, un mouvement international dont le but est de mettre fin à la violence contre les femmes. (www.vday.org)
Elle et Richard McDermott divorcent, mais Eve rencontre l’artiste Ariel Orr Jordan, elle aussi une survivante d’abus sexuels.
Depuis sa création, V-Day a récolté $14 million grâce aux productions des Monologues à travers les Etats-Unis, notamment sur des campus universitaires. Les Monologues ont été joué dans plus de 40 pays.
Au milieu de la guerre en Irak, au moment où le terrorisme mondial ne cesse de s’étendre, où les libertés civiles disparaissent aussi rapidement que la couche d’ozone, alors qu’une femme sur trois dans le monde sera battue ou violée dans sa vie, pourquoi écrire une pièce sur mon ventre ?
Peut-être parce que mon ventre est la seule chose que je peux contrôler, ou plutôt parce que j’ai espéré pouvoir un jour contrôler mon ventre. Peut-être parce que je me rends compte de l’attention que me prend mon ventre, et de l’attention que d’autres femmes portent à leur ventre ou à leurs fesses ou à leurs cheveux ou à leur peau, de telle sorte qu’il nous reste bien peu d’attention pour la guerre en Iraq – ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. On a récemment demandé à un groupe ethniquement diversifié de femmes défavorisées ce qu’elles changeraient dans leurs vies si elles pouvaient changer une seule chose : la majorité a répondu qu’elles choisiraient de perdre du poids.
Peut-être que je m’identifie à ces femmes parce que j’ai en tête l’idée que si mon ventre était plat, alors tout irait bien. Je serais protégée, acceptée, admirée, aimée. Peut-être parce que pendant presque toute ma vie je me suis sentie sale, coupable, mauvaise, en faute, et que mon ventre est le porteur, le sac de toute cette haine envers moi-même. Peut-être parce que mon ventre est devenu le dépositaire de ma tristesse, de mes malheurs d’enfant, de mes ambitions frustrées, de ma rage inexprimée. C’est une décharge toxique, l’endroit où les trajectoires explosives se rencontrent – l’impératif judéo-chrétien d’être bon ; l’exigence patriarcale qui veut que les femmes soient silencieuses, soient moins ; les demandes du consumérisme selon lesquels on doit être mieux, ce qui implique que nous sommes nés mauvais, et que pour s’améliorer on doit toujours dépenser de l’argent, beaucoup d’argent. […]
Je suis ma propre victime et mon propre bourreau. Bien sûr, les outils de ma propre victimisation sont largement mis à ma disposition. Les plans du corps parfait ont été programmés en moi depuis la naissance. Mais quelles que soient les exigences et pressions culturelles, ma préoccupation autour de mon ventre, mon régime permanent, mon inquiétude me sont imposés par moi-même. J’achète les magazines, je soupire d’envie. Je me convaincs que les filles blondes et plates ont tout compris à la vie. Notre zèle à nous auti-mutiler qui s’étend et infecte le monde devient plus inquiétant que notre narcissisme.
J’ai visité plus de quarante pays en six ans. J’ai vu sévir des empoisonnements insidieux ; des crèmes pour éclaircir la peau qui se vendent comme de la pâte dentifrice en Afrique et en Asie. Des mères qui font enlever les côtes flottantes de leurs filles de huit ans aux Etats-Unis, pour qu’elles n’aient pas à faire de régime. Des enfants de cinq ans à Manhattan qui suivent des asanas[2] très stricts pour que leurs parents n’aient pas honte de leurs courbes. Des filles qui se font vomir et et qui s’affament en Chine, à Fiji et partout. Des Coréennes qui enlèvent l’Asie de leurs paupières[3]… la liste continue. […] J’ai parlé à des femmes dans des cliniques de Berverly Hills, sur les plages sensuelles de Rio de Janeiro, dans des clubs de gym à Mumbai, New York, Moscou, dans des instituts de beauté bondés d’Istanbul, d’Afrique du Sud et de Rome. A part de très rares exceptions, les femmes que j’ai rencontrées haïssaient au moins une partie de leur corps. Il y avait quasiment toujours une partie qu’elles voulaient changer, pour laquelle elles gardaient une armoire pleine de produits destinés à la transformer, la réduire, la cacher, la redresser ou l’éclaircir. Et toutes ces femmes étaient persuadées que si elles pouvaient juste surmonter ce problème-là , tout le reste de leur vie coulerait de source. […]
[1] Ensler, Eve (2001) The Good Body, William Heinemann, London, 96 p.
[2] Positions de yoga
[3] De nombreuses femmes asiatiques se font chirurgicalement creuser une ‘double paupière’ pour avoir l’air plus occidental. C’est à peine perceptible.
Elle et Richard McDermott divorcent, mais Eve rencontre l’artiste Ariel Orr Jordan, elle aussi une survivante d’abus sexuels.
Depuis sa création, V-Day a récolté $14 million grâce aux productions des Monologues à travers les Etats-Unis, notamment sur des campus universitaires. Les Monologues ont été joué dans plus de 40 pays.
Au milieu de la guerre en Irak, au moment où le terrorisme mondial ne cesse de s’étendre, où les libertés civiles disparaissent aussi rapidement que la couche d’ozone, alors qu’une femme sur trois dans le monde sera battue ou violée dans sa vie, pourquoi écrire une pièce sur mon ventre ?
Peut-être parce que mon ventre est la seule chose que je peux contrôler, ou plutôt parce que j’ai espéré pouvoir un jour contrôler mon ventre. Peut-être parce que je me rends compte de l’attention que me prend mon ventre, et de l’attention que d’autres femmes portent à leur ventre ou à leurs fesses ou à leurs cheveux ou à leur peau, de telle sorte qu’il nous reste bien peu d’attention pour la guerre en Iraq – ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. On a récemment demandé à un groupe ethniquement diversifié de femmes défavorisées ce qu’elles changeraient dans leurs vies si elles pouvaient changer une seule chose : la majorité a répondu qu’elles choisiraient de perdre du poids.
Peut-être que je m’identifie à ces femmes parce que j’ai en tête l’idée que si mon ventre était plat, alors tout irait bien. Je serais protégée, acceptée, admirée, aimée. Peut-être parce que pendant presque toute ma vie je me suis sentie sale, coupable, mauvaise, en faute, et que mon ventre est le porteur, le sac de toute cette haine envers moi-même. Peut-être parce que mon ventre est devenu le dépositaire de ma tristesse, de mes malheurs d’enfant, de mes ambitions frustrées, de ma rage inexprimée. C’est une décharge toxique, l’endroit où les trajectoires explosives se rencontrent – l’impératif judéo-chrétien d’être bon ; l’exigence patriarcale qui veut que les femmes soient silencieuses, soient moins ; les demandes du consumérisme selon lesquels on doit être mieux, ce qui implique que nous sommes nés mauvais, et que pour s’améliorer on doit toujours dépenser de l’argent, beaucoup d’argent. […]
Je suis ma propre victime et mon propre bourreau. Bien sûr, les outils de ma propre victimisation sont largement mis à ma disposition. Les plans du corps parfait ont été programmés en moi depuis la naissance. Mais quelles que soient les exigences et pressions culturelles, ma préoccupation autour de mon ventre, mon régime permanent, mon inquiétude me sont imposés par moi-même. J’achète les magazines, je soupire d’envie. Je me convaincs que les filles blondes et plates ont tout compris à la vie. Notre zèle à nous auti-mutiler qui s’étend et infecte le monde devient plus inquiétant que notre narcissisme.
J’ai visité plus de quarante pays en six ans. J’ai vu sévir des empoisonnements insidieux ; des crèmes pour éclaircir la peau qui se vendent comme de la pâte dentifrice en Afrique et en Asie. Des mères qui font enlever les côtes flottantes de leurs filles de huit ans aux Etats-Unis, pour qu’elles n’aient pas à faire de régime. Des enfants de cinq ans à Manhattan qui suivent des asanas[2] très stricts pour que leurs parents n’aient pas honte de leurs courbes. Des filles qui se font vomir et et qui s’affament en Chine, à Fiji et partout. Des Coréennes qui enlèvent l’Asie de leurs paupières[3]… la liste continue. […] J’ai parlé à des femmes dans des cliniques de Berverly Hills, sur les plages sensuelles de Rio de Janeiro, dans des clubs de gym à Mumbai, New York, Moscou, dans des instituts de beauté bondés d’Istanbul, d’Afrique du Sud et de Rome. A part de très rares exceptions, les femmes que j’ai rencontrées haïssaient au moins une partie de leur corps. Il y avait quasiment toujours une partie qu’elles voulaient changer, pour laquelle elles gardaient une armoire pleine de produits destinés à la transformer, la réduire, la cacher, la redresser ou l’éclaircir. Et toutes ces femmes étaient persuadées que si elles pouvaient juste surmonter ce problème-là , tout le reste de leur vie coulerait de source. […]
[1] Ensler, Eve (2001) The Good Body, William Heinemann, London, 96 p.
[2] Positions de yoga
[3] De nombreuses femmes asiatiques se font chirurgicalement creuser une ‘double paupière’ pour avoir l’air plus occidental. C’est à peine perceptible.
"Ne leur donne pas à manger, chéri."
On peut soigner les femmes victimes d’excision
J'ai franchement hésité à mettre cette photo qui me rend malade. Mais la réalité est pire qu'une photo.
[1]
Entretien avec le Docteur Pierre Foldès
Après avoir sillonné le monde en tant que médecin humanitaire, le chirurgien urologue Pierre Foldès se consacre aujourd’hui pleinement à la lutte contre l’excision. Ayant mis au point une technique unique au monde, il reconstitue le clitoris des femmes victimes de ces terribles mutilations génitales. Il nous explique son combat.
Doctissimo : Pourquoi vous être intéressée aux femmes victimes d’excision ?
Dr Pierre Foldès : Principalement pour deux raisons. Premièrement, lors d’une mission humanitaire de l’Organisation mondiale de la santé au Burkina Faso, nous devions soigner les nombreuses complications de ces excisions : des problèmes d’incontinence, des complications obstétricales graves… Lors des consultations, des femmes m’ont demandé d’intervenir sur les douleurs liées aux cicatrices. Enfin, en tant que chirurgie urologue, j’avais pratiqué des techniques de réparation et d’allongement de la verge, qui me semblait capable d’aider ces femmes après quelques adaptations. De retour en France, j’ai adapté et mis au point cette technique.
Doctissimo : En quoi consiste cette technique chirurgicale unique au monde ?
Dr Pierre Foldès : Lors de l’excision, la partie externe du clitoris est enlevée, et non sa totalité qui fait une dizaine de centimètres de longueur. L’opération consiste à retirer la cicatrice (souvent à l’origine des douleurs), à aller chercher sa partie interne, à la repositionner dans un emplacement anatomiquement normal en libérant les ligaments qui la retiennent et à la ré-innerver. En tout, l’opération dure entre 45 minutes et une heure.
Doctissimo : Toutes les formes d’excision sont-elles opérables ?
Dr Pierre Foldès : Oui, toutes les formes d’excision sont opérables et permettent d’obtenir un bénéfice esthétique et sensoriel. Dans tous les cas, la chirurgie réparatrice permet de réparer l’excision et les lésions associées : de l’excision féminine (ablation du capuchon) à l’infibulation (résection de la hampe du clitoris, des petites lèvres et suture des grandes lèvres).
Doctissimo : Combien de femmes avez-vous opéré ? La demande est-elle croissante en France ?
Dr Pierre Foldès : J’ai aujourd’hui opéré à peu près 600 à 700 femmes, dont 500 en France avec les dernières techniques. Chaque mois, je reçois des dizaines de demandes. De nombreuses femmes de 18 à 50 ans avouent qu’elles l’auraient fait avant si elles avaient été informées plus tôt de cette technique. Il faut donc améliorer l’information pour toutes ces femmes. On estime qu’en France au moins 30 000 jeunes filles sont menacées d’excision. Cette technique est remboursée depuis 2004 en France.
Doctissimo : Combien de recul avez-vous par rapport à cette technique ?
Dr Pierre Foldès : Les premières opérations ont été effectuées, il y a 25 ans. Pour les dernières techniques opératoires effectuées en France, le recul est de plus de 5 ans. Après l’opération, les douleurs sont supprimées dans la presque totalité des cas. Sur le plan esthétique, la reconstruction d’un massif clitoridien permet d’obtenir une forme anatomique normale dans près de 8 cas sur 10. Dans le reste des cas, l’aspect est satisfaisant mais la peau peut recouvrir le capuchon reconstruit. Sur le plan de la sensibilité, on peut penser que 60 à 70 % des femmes éprouvent de nouvelles sensations au bout de quatre à six mois. Mais il est difficile d’avoir des données précises car d’une part, ces femmes n’ont pas de point de comparaison et d’autre part, ces mutilations génitales s’accompagnent d’autres facteurs qui peuvent handicaper la reconstitution de sensations clitoridiennes. Toutes les femmes opérées sont orientées vers un psychologue ou un sexologue qui saura les accompagner lors de cette ré-appropriation de leur intégrité physique.
La publication de résultats sur un grand nombre de femmes est en cours de publication. Ces études pourraient débloquer la situation et populariser plus généralement cette technique auprès du corps médical. Mais ce travail est titanesque et malgré toute ma volonté, les choses ne vont pas toujours aussi vite qu’on le souhaiterait.
Doctissimo : Quelles sont les suites opératoires immédiates ?
Dr Pierre Foldès : L’hospitalisation ne dure qu’une journée. Il n’y a eu aucun cas de complications graves. Les activités physiques doivent être limitées dans les semaines suivant l’opération. Les douleurs post-opératoires peuvent durer une à deux semaines mais sont aisément contrôlables grâce à des médicaments antalgiques. Ce qui permet ainsi d’opérer ces femmes majeures sans que leur entourage soit forcément au courant de leur démarche. Et c’est souvent le cas.
Afrik : Comment réagissent les maris de ces femmes ? Pierre Foldès : En France, les hommes réagissent vraiment bien en général. Certains viennent même me voir avec leurs femmes. Il y a une réelle évolution des mentalités sur ce sujet, notamment grâce à l’immersion culturelle différente. Mais en Afrique, les choses bougent plus lentement. L’excision reste encore un moyen de domination masculin.
Afrik : Vous opérez gratuitement. Pourquoi ? Pierre Foldès : La plupart des femmes que j’opère n’ont pas de couverture sociale. Et comme la législation stipule que l’excision est un crime, je ne voulais pas gagner de l’argent en réparant le clitoris des femmes excisées. Mais je ne pense pas que vais pouvoir continuer comme cela longtemps. Avant, le nombre d’opérations oscillait entre une et deux par semaine et je pouvais les offrir. Mais leur nombre s’accroît et je commence à perdre de l’argent. Eventuellement, je demanderai une somme symbolique aux femmes qui ont une couverture sociale.
Afrik : Cela fait 25 ans que vous pratiquez cette opération. Pourquoi n’est elle médiatisée que maintenant ? Pierre Foldès : J’opérais discrètement par crainte des menaces. J’ai reçu plusieurs menaces de mort en Afrique. Et les Africaines qui venaient me consulter étaient exposées aux mêmes dangers. Mais certaines de celles qui ont été opérées ont témoigné de leur expérience dans les médias et m’ont dit qu’il fallait en parler. Depuis, j’ai fait plusieurs interviews pour des journaux et fait plusieurs interventions radio et télé.
Afrik : Avez-vous une idée de l’identité de ceux qui vous en veulent ? Pierre Foldès : Avec la récente médiatisation de cette opération de chirurgie réparatrice, j’ai déjà reçu d’autres menaces de mort ces derniers jours. Elles proviennent de ceux qui considèrent que je vais à l’encontre de leur culture. Mais je pense qu’elles sont surtout l’oeuvre de ceux qui ont un intérêt à ce que cette pratique perdure. Il faut savoir qu’en France le prix d’une excision peut atteindre 1 000 euros. En Afrique, il oscille entre 70 et 1 000 euros. Il y a donc beaucoup d’argent en jeu.
Afrik : Avez-vous déjà songé à arrêter cette opération à cause des dangers qui pèsent sur vous ? Pierre Foldès : Non. Par contre, ce type de menaces pourrait décourager d’autres médecins, africains comme français, de pratiquer cette intervention. J’ai commencé à en former il y a quelques mois en France. En général, c’est moi qui me déplace et qui pratique l’intervention devant eux. Mais pour l’instant, je suis le seul qui pratique l’opération officiellement. Je compte sur la médiatisation de cette opération pour rallier d’autres collègues à ma cause. Pour l’instant, certains soutiennent ce que je fais, mais à condition que ce soit moi qui prenne les risques.
Doctissimo : Des confrères urologues ont-ils pris le relais de votre action ?
Dr Pierre Foldès : Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne se bousculent pas au portillon. Actuellement, seuls deux centres hospitaliers pratiquent en France ces opérations mais dans un nombre très limité. Cette situation s’explique principalement par deux phénomènes. D’une part, j’opère gratuitement ces femmes et certains de mes confrères chirurgiens plasticiens ont peu l’habitude de travailler bénévolement et préfèrent grandement m’envoyer leurs patientes. D’autre part, j’ai personnellement reçu des menaces qui peuvent refroidir mes collègues. Personnellement, je préfère les ignorer et me consacrer pleinement à soigner ces femmes qui souffrent dans leur chair et leur identité féminine. Par ailleurs, le combat ne saurait se limiter à notre pays, ainsi j’ai formé quatre confrères africains qui exercent au Sénégal et en Egypte.
Afrik : Avez-vous des retours des associations luttant contre l’excision ? Pierre Foldès : Je n’ai pas eu de retour d’Afrique, mais je travaille en France étroitement avec le Gams (Groupe Femmes pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), qui se réjouit de cette chirurgie réparatrice. J’ai également eu des retours positifs d’autres associations.
Le Docteur Foldès exerce à :
Clinique Louis XIV 4, Place Louis XIV 78100 Saint Germain-en-Laye
Tél. : 01 39 10 26 26
Propos recueillis par Habibou Bangré le 13 janvier 2004 pour afrik.com, et David Bême, le 12 avril 2005 pour doctissimo.com.
[1] Foldès, Pierre (2004) afrik.com.
Notes
On considère qu’environ 130 millions de femmes ont subi une excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous les ans.
Les pratiques d'excision sont considérées comme traditionnelles dans la mesure où elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique (c’est-à-dire bien avant l'arrivée des grandes religions monothéistes dans ces contrées). D'autre part, l'excision fait souvent office de rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société.
L’excision est actuellement défendue au nom de :
- la préservation de la virginité (considérée comme un idéal féminin au mariage),
- l’amélioration du plaisir sexuel masculin (par le rétrécissement du vagin ou de l’orifice vaginal)
- la protection contre le désir féminin (considéré comme malsain par les partisans de l’excision ou non contrôlable en cas d'absence d'excision),
- raisons hygiéniques,
- raisons esthétiques,
- patrimoine culturel ou traditionnel (initiation à l’état de femme, peur que le clitoris n'empoisonne l'homme ou l'enfant à la naissance...).
Dans de nombreux cas, on observe que les mères participent activement aux mutilations de leur(s) fille(s) dans le but d’améliorer leurs chances de faire un "bon" mariage.
Le clitoris est souvent considéré comme une imperfection de la création divine, un résidu masculin devant être ôté pour que la femme soit finie. De la même manière la circoncision ou ablation du prépuce est censée enlever à l'homme la partie féminine restante. La psychanalyste Marie Bonaparte a écrit[3] : « Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c'est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé ».
En France, l’excision constitue une atteinte à la personne. Elle entre dans le cadre des violences ayant entraînées une mutilation permanente, délit passible de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende dans le cas général. Lorsque la victime est mineure de 15 ans, cela devient un crime passible de 15 ans de reclusion criminelle, 20 ans si le coupable est un ascendant légitime (Art 222-9 et 222-10 du Code pénal). Une interdiction du territoire d’une durée de cinq ans peut également être prononcée (Art. 222-47 du Code pénal).
Cependant, souvent l'excision est pratiquée lors d'un retour au pays et donc hors du territoire national. La législation française fait cependant obligation aux soignants de dénoncer toutes agressions sexuelles sur mineur. Les médecins sont tenus au signalement des cas (même potentiels) de mutilation génitales féminines, même si ces derniers sont ou devraient être effectués hors du territoire français.
Selon l'UNICEF, 28 pays d’Afrique et du Moyen-Orient pratiquent l'excision parmi lesquels le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, l'Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, la Guinée, le Kenya, la Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, l'Ouganda, la République centrafricaine, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan, la Somalie, la Tanzanie, le Togo, le Tchad...
La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Cette dernière a même fait du 8 février 2006 la « Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines ».
De nombreux traités internationaux évoquent également l'interdiction de l'excision et des mutilation sexuelles féminines en général : il s’agit notamment :
de la convention sur les droits de l’enfant (CDE),
de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDEF),
de la charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant,
de la charte africaine sur les droits humains et ceux des populations,
du protocole additionnel sur les droits des femmes dit protocole de Maputo.
En 2002, lors d’une Assemblée générale des Nations unies, la totalité des représentants se sont engagés à mettre fin aux mutilations sexuelles et à l’excision d’ici à 2010. Cette date est plutôt ambitieuse, malgré les récentes annonces (novembre 2005) faites en Afrique, où plusieurs exciseuses ont déposé leurs instruments (des lames et des couteaux, parfois rouillés).
Pour agir: Le GAMS http://perso.orange.fr/..associationgams/
[1]
Entretien avec le Docteur Pierre Foldès
Après avoir sillonné le monde en tant que médecin humanitaire, le chirurgien urologue Pierre Foldès se consacre aujourd’hui pleinement à la lutte contre l’excision. Ayant mis au point une technique unique au monde, il reconstitue le clitoris des femmes victimes de ces terribles mutilations génitales. Il nous explique son combat.
Doctissimo : Pourquoi vous être intéressée aux femmes victimes d’excision ?
Dr Pierre Foldès : Principalement pour deux raisons. Premièrement, lors d’une mission humanitaire de l’Organisation mondiale de la santé au Burkina Faso, nous devions soigner les nombreuses complications de ces excisions : des problèmes d’incontinence, des complications obstétricales graves… Lors des consultations, des femmes m’ont demandé d’intervenir sur les douleurs liées aux cicatrices. Enfin, en tant que chirurgie urologue, j’avais pratiqué des techniques de réparation et d’allongement de la verge, qui me semblait capable d’aider ces femmes après quelques adaptations. De retour en France, j’ai adapté et mis au point cette technique.
Doctissimo : En quoi consiste cette technique chirurgicale unique au monde ?
Dr Pierre Foldès : Lors de l’excision, la partie externe du clitoris est enlevée, et non sa totalité qui fait une dizaine de centimètres de longueur. L’opération consiste à retirer la cicatrice (souvent à l’origine des douleurs), à aller chercher sa partie interne, à la repositionner dans un emplacement anatomiquement normal en libérant les ligaments qui la retiennent et à la ré-innerver. En tout, l’opération dure entre 45 minutes et une heure.
Doctissimo : Toutes les formes d’excision sont-elles opérables ?
Dr Pierre Foldès : Oui, toutes les formes d’excision sont opérables et permettent d’obtenir un bénéfice esthétique et sensoriel. Dans tous les cas, la chirurgie réparatrice permet de réparer l’excision et les lésions associées : de l’excision féminine (ablation du capuchon) à l’infibulation (résection de la hampe du clitoris, des petites lèvres et suture des grandes lèvres).
Doctissimo : Combien de femmes avez-vous opéré ? La demande est-elle croissante en France ?
Dr Pierre Foldès : J’ai aujourd’hui opéré à peu près 600 à 700 femmes, dont 500 en France avec les dernières techniques. Chaque mois, je reçois des dizaines de demandes. De nombreuses femmes de 18 à 50 ans avouent qu’elles l’auraient fait avant si elles avaient été informées plus tôt de cette technique. Il faut donc améliorer l’information pour toutes ces femmes. On estime qu’en France au moins 30 000 jeunes filles sont menacées d’excision. Cette technique est remboursée depuis 2004 en France.
Doctissimo : Combien de recul avez-vous par rapport à cette technique ?
Dr Pierre Foldès : Les premières opérations ont été effectuées, il y a 25 ans. Pour les dernières techniques opératoires effectuées en France, le recul est de plus de 5 ans. Après l’opération, les douleurs sont supprimées dans la presque totalité des cas. Sur le plan esthétique, la reconstruction d’un massif clitoridien permet d’obtenir une forme anatomique normale dans près de 8 cas sur 10. Dans le reste des cas, l’aspect est satisfaisant mais la peau peut recouvrir le capuchon reconstruit. Sur le plan de la sensibilité, on peut penser que 60 à 70 % des femmes éprouvent de nouvelles sensations au bout de quatre à six mois. Mais il est difficile d’avoir des données précises car d’une part, ces femmes n’ont pas de point de comparaison et d’autre part, ces mutilations génitales s’accompagnent d’autres facteurs qui peuvent handicaper la reconstitution de sensations clitoridiennes. Toutes les femmes opérées sont orientées vers un psychologue ou un sexologue qui saura les accompagner lors de cette ré-appropriation de leur intégrité physique.
La publication de résultats sur un grand nombre de femmes est en cours de publication. Ces études pourraient débloquer la situation et populariser plus généralement cette technique auprès du corps médical. Mais ce travail est titanesque et malgré toute ma volonté, les choses ne vont pas toujours aussi vite qu’on le souhaiterait.
Doctissimo : Quelles sont les suites opératoires immédiates ?
Dr Pierre Foldès : L’hospitalisation ne dure qu’une journée. Il n’y a eu aucun cas de complications graves. Les activités physiques doivent être limitées dans les semaines suivant l’opération. Les douleurs post-opératoires peuvent durer une à deux semaines mais sont aisément contrôlables grâce à des médicaments antalgiques. Ce qui permet ainsi d’opérer ces femmes majeures sans que leur entourage soit forcément au courant de leur démarche. Et c’est souvent le cas.
Afrik : Comment réagissent les maris de ces femmes ? Pierre Foldès : En France, les hommes réagissent vraiment bien en général. Certains viennent même me voir avec leurs femmes. Il y a une réelle évolution des mentalités sur ce sujet, notamment grâce à l’immersion culturelle différente. Mais en Afrique, les choses bougent plus lentement. L’excision reste encore un moyen de domination masculin.
Afrik : Vous opérez gratuitement. Pourquoi ? Pierre Foldès : La plupart des femmes que j’opère n’ont pas de couverture sociale. Et comme la législation stipule que l’excision est un crime, je ne voulais pas gagner de l’argent en réparant le clitoris des femmes excisées. Mais je ne pense pas que vais pouvoir continuer comme cela longtemps. Avant, le nombre d’opérations oscillait entre une et deux par semaine et je pouvais les offrir. Mais leur nombre s’accroît et je commence à perdre de l’argent. Eventuellement, je demanderai une somme symbolique aux femmes qui ont une couverture sociale.
Afrik : Cela fait 25 ans que vous pratiquez cette opération. Pourquoi n’est elle médiatisée que maintenant ? Pierre Foldès : J’opérais discrètement par crainte des menaces. J’ai reçu plusieurs menaces de mort en Afrique. Et les Africaines qui venaient me consulter étaient exposées aux mêmes dangers. Mais certaines de celles qui ont été opérées ont témoigné de leur expérience dans les médias et m’ont dit qu’il fallait en parler. Depuis, j’ai fait plusieurs interviews pour des journaux et fait plusieurs interventions radio et télé.
Afrik : Avez-vous une idée de l’identité de ceux qui vous en veulent ? Pierre Foldès : Avec la récente médiatisation de cette opération de chirurgie réparatrice, j’ai déjà reçu d’autres menaces de mort ces derniers jours. Elles proviennent de ceux qui considèrent que je vais à l’encontre de leur culture. Mais je pense qu’elles sont surtout l’oeuvre de ceux qui ont un intérêt à ce que cette pratique perdure. Il faut savoir qu’en France le prix d’une excision peut atteindre 1 000 euros. En Afrique, il oscille entre 70 et 1 000 euros. Il y a donc beaucoup d’argent en jeu.
Afrik : Avez-vous déjà songé à arrêter cette opération à cause des dangers qui pèsent sur vous ? Pierre Foldès : Non. Par contre, ce type de menaces pourrait décourager d’autres médecins, africains comme français, de pratiquer cette intervention. J’ai commencé à en former il y a quelques mois en France. En général, c’est moi qui me déplace et qui pratique l’intervention devant eux. Mais pour l’instant, je suis le seul qui pratique l’opération officiellement. Je compte sur la médiatisation de cette opération pour rallier d’autres collègues à ma cause. Pour l’instant, certains soutiennent ce que je fais, mais à condition que ce soit moi qui prenne les risques.
Doctissimo : Des confrères urologues ont-ils pris le relais de votre action ?
Dr Pierre Foldès : Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne se bousculent pas au portillon. Actuellement, seuls deux centres hospitaliers pratiquent en France ces opérations mais dans un nombre très limité. Cette situation s’explique principalement par deux phénomènes. D’une part, j’opère gratuitement ces femmes et certains de mes confrères chirurgiens plasticiens ont peu l’habitude de travailler bénévolement et préfèrent grandement m’envoyer leurs patientes. D’autre part, j’ai personnellement reçu des menaces qui peuvent refroidir mes collègues. Personnellement, je préfère les ignorer et me consacrer pleinement à soigner ces femmes qui souffrent dans leur chair et leur identité féminine. Par ailleurs, le combat ne saurait se limiter à notre pays, ainsi j’ai formé quatre confrères africains qui exercent au Sénégal et en Egypte.
Afrik : Avez-vous des retours des associations luttant contre l’excision ? Pierre Foldès : Je n’ai pas eu de retour d’Afrique, mais je travaille en France étroitement avec le Gams (Groupe Femmes pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), qui se réjouit de cette chirurgie réparatrice. J’ai également eu des retours positifs d’autres associations.
Le Docteur Foldès exerce à :
Clinique Louis XIV 4, Place Louis XIV 78100 Saint Germain-en-Laye
Tél. : 01 39 10 26 26
Propos recueillis par Habibou Bangré le 13 janvier 2004 pour afrik.com, et David Bême, le 12 avril 2005 pour doctissimo.com.
[1] Foldès, Pierre (2004) afrik.com.
Notes
On considère qu’environ 130 millions de femmes ont subi une excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous les ans.
Les pratiques d'excision sont considérées comme traditionnelles dans la mesure où elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique (c’est-à-dire bien avant l'arrivée des grandes religions monothéistes dans ces contrées). D'autre part, l'excision fait souvent office de rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société.
L’excision est actuellement défendue au nom de :
- la préservation de la virginité (considérée comme un idéal féminin au mariage),
- l’amélioration du plaisir sexuel masculin (par le rétrécissement du vagin ou de l’orifice vaginal)
- la protection contre le désir féminin (considéré comme malsain par les partisans de l’excision ou non contrôlable en cas d'absence d'excision),
- raisons hygiéniques,
- raisons esthétiques,
- patrimoine culturel ou traditionnel (initiation à l’état de femme, peur que le clitoris n'empoisonne l'homme ou l'enfant à la naissance...).
Dans de nombreux cas, on observe que les mères participent activement aux mutilations de leur(s) fille(s) dans le but d’améliorer leurs chances de faire un "bon" mariage.
Le clitoris est souvent considéré comme une imperfection de la création divine, un résidu masculin devant être ôté pour que la femme soit finie. De la même manière la circoncision ou ablation du prépuce est censée enlever à l'homme la partie féminine restante. La psychanalyste Marie Bonaparte a écrit[3] : « Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c'est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé ».
En France, l’excision constitue une atteinte à la personne. Elle entre dans le cadre des violences ayant entraînées une mutilation permanente, délit passible de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende dans le cas général. Lorsque la victime est mineure de 15 ans, cela devient un crime passible de 15 ans de reclusion criminelle, 20 ans si le coupable est un ascendant légitime (Art 222-9 et 222-10 du Code pénal). Une interdiction du territoire d’une durée de cinq ans peut également être prononcée (Art. 222-47 du Code pénal).
Cependant, souvent l'excision est pratiquée lors d'un retour au pays et donc hors du territoire national. La législation française fait cependant obligation aux soignants de dénoncer toutes agressions sexuelles sur mineur. Les médecins sont tenus au signalement des cas (même potentiels) de mutilation génitales féminines, même si ces derniers sont ou devraient être effectués hors du territoire français.
Selon l'UNICEF, 28 pays d’Afrique et du Moyen-Orient pratiquent l'excision parmi lesquels le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, l'Éthiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, la Guinée, le Kenya, la Liberia, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, l'Ouganda, la République centrafricaine, le Sénégal, la Sierra Leone, le Soudan, la Somalie, la Tanzanie, le Togo, le Tchad...
La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Cette dernière a même fait du 8 février 2006 la « Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines ».
De nombreux traités internationaux évoquent également l'interdiction de l'excision et des mutilation sexuelles féminines en général : il s’agit notamment :
de la convention sur les droits de l’enfant (CDE),
de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDEF),
de la charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant,
de la charte africaine sur les droits humains et ceux des populations,
du protocole additionnel sur les droits des femmes dit protocole de Maputo.
En 2002, lors d’une Assemblée générale des Nations unies, la totalité des représentants se sont engagés à mettre fin aux mutilations sexuelles et à l’excision d’ici à 2010. Cette date est plutôt ambitieuse, malgré les récentes annonces (novembre 2005) faites en Afrique, où plusieurs exciseuses ont déposé leurs instruments (des lames et des couteaux, parfois rouillés).
Pour agir: Le GAMS http://perso.orange.fr/..associationgams/
Troubles du comportement alimentaire
Examen des termes[1]
Que représente la nourriture?
Dans le contexte familial, la nourriture représente l’amour, la mémoire, le langage. Dans la sphère publique, la nourriture représente le statut social et l’honneur.
La nourriture est le symbole premier du statut social. Quand une société attache de l’importance a quelqu’un, elle le nourrit bien. Le partage de la nourriture cimente l’égalité sociale. Quand les hommes brisent le pain ensemble, ou portent un toast a la reine, ou sacrifient l’agneau les uns pour les autres, ils deviennent allies et amis. Le mot ’compagnon’ vient du Latin; celui qui partage le pain.
Si les femmes ne peuvent pas manger la même nourriture que les hommes, nous n’avons pas le même statut.
Les 2/3 des femmes en Asie, la moitié des femmes africaines et 1/6 des femmes d’Amérique du Sud sont anémiques - par manque de nourriture. Au Népal 50% de plus de femmes que d’hommes sont aveugles pour carences alimentaires. Dans toutes les cultures les hommes reçoivent des repas chauds, plus de protéines et la part du lion d’un repas, pendant que les femmes mangent les restes. Et, d’après un rapport des Nations Unies, la valeur nutritionnelle de la nourriture qu’elles reçoivent est systématiquement inférieure.
Des recherches ont montre qu’aux EU, les parents encouragent les garçons à manger quelque soit leur poids, alors qu’ils ne font la même chose avec les filles que quand elles sont minces. Sur un échantillon de bébés, 99% des garçons étaient allaités, et 66% pour les filles, qui n’avaient droit qu’à 50% du temps des garçons pour se nourrir. Les filles sont donc nourries moins convenablement et attentivement.
Que représente que la graisse?
De la saleté féminine superflue. Une matière virtuellement cancéreuse; la démonisation d’une simple substance corporelle ne vient pas de propriétés physiques mais de misogynie à l’ancienne, car, avant tout, la graisse est féminine. C’est le moyen et le régulateur des caractéristiques sexuelles féminines.
Dans toutes les cultures, dès la naissance les filles ont de 10% a 15% de graisse de plus que les garçons. A la puberté le rapport graisse-muscle baisse pour les garçons et augmente pour les filles. L’augmentation du ratio est le moyen d’atteindre la maturation sexuelle et la fertilité. La moyenne pour le corps d’une jeune fille de 20 ans en bonne santé est de 28,7% de graisse.
Vers les quarante ans, le pourcentage de graisse pour les femmes dans le monde est de 38%. Les besoins caloriques d’une femme modérément active ne sont que 250 calories en dessous des besoins caloriques pour un homme modérément actif, environ 2250 à 2500 calories, soit 2 onces de fromage.
La prise de poids avec le temps est aussi un phénomène normal pour les 2 sexes partout dans le monde. Le corps est évidemment programmé pour peser, et défendre, un certain poids.
La graisse chez les femmes est sexuelle. Les Victoriens l’appelait affectueusement leur ‘épaisseur de soie’. L’exigence de la minceur handicape la sexualité féminine. Un tiers des femmes qui font du sport pour resculpter leur corps souffrent d’irrégularités dans leur cycle et de diminution de leur fertilité. Le corps d’un mannequin est de 22% à 23% plus mince que celui d’une femme normale; la femme normale veut être aussi mince qu’un mannequin; l’infertilité et les dérèglements hormonaux sont communs chez les femmes dont le rapport graisse-muscles tombe en dessous de 22%. Les dérèglements hormonaux sont une cause de cancers ovarien et endométrique et d’ostéoporose. Les tissus graisseux emmagasinent les hormones sexuelles, donc de basses réserves de graisses sont liées à des estrogènes faibles et à de faibles niveaux de toutes les autres hormones sexuelles importantes ainsi qu’a des ovaires inactives.
La graisse n’est pas que la fertilité chez les femmes, mais aussi le désir. Les sujets d’une expérience cessèrent de se masturber ou d’avoir des fantasmes à 1700 calories/jour, 500 calories de moins que le régime Berverly Hills.
La faim affecte les glandes endocrines. L’aménorrhée et une puberté repoussée sont très communes chez les filles et femmes au régime. Les hommes au régime perdent leur libido et deviennent impuissants; il arrive même que leur poitrine commence à pousser.
La clinique sur les dysfonctionnements sexuels de l’université de Loyola affirme que les phénomènes de perte de poids ont un effet sur la sexualité bien pire que les prises de poids. D’après le New England Journal of Medecine, les gens qui font de l’exercice physique à hautes doses perdent tout attirance pour le sexe. Quand au plaisir pour les boulimiques, il est rare, à cause d’une profonde haine du corps.
Que représentent les régimes ?
Faire un régime est une expression qui trivialise le fait que c’est une semi-famine auto-infligée.
Dans une étude de l’Université du Michigan, 36 volontaires furent mis sous un régime basses calories et « les effets physiques, psychologiques et comportementaux furent soigneusement observés. » Les sujets étaient jeunes et sains et faisaient preuve de « hauts niveaux de force de caractère, de stabilité émotionnelle et de bonne abilité intellectuelle. » Commença alors une période de 6 mois pendant laquelle leur consommation de nourriture fut divisée par 2 – une technique de régime classique.
« Après avoir perdu approximativement 25% de leur poids d’origine, les effets pernicieux de la faim commencèrent à apparaître. » Les sujets « devinrent de plus en plus préoccupé.e.s par la nourriture et le fait de manger. Ils ruminaient constamment le sujet de manière obsessive, collectionnaient des recettes et des livre de cuisine, commencèrent à avoir des rituels anormaux, tels que le fait de manger extrêmement lentement ou d’amasser des objets liées à la nourriture. »
Puis la majorité d’entre eux se mit à « souffrir de troubles émotionnels, tels que la dépression, l’hypocondrie, l’hystérie, des crises de colère, et dans certains cas, de niveaux de désorganisation psychotique. » Puis, ils « perdirent toute capacité de fonctionner dans des contextes sociaux et professionnels à cause d’apathie, d’énergie et de vivacité réduites, d’isolation sociale et d’intérêt sexuel diminué. »
Finalement, « après quelques semaines de réduction de nourriture », ils « signalèrent une faim impitoyable, ainsi que des envies violentes de rompre leur régime. Certains firent des crises de boulimie, suivies de vomissement et de sentiments de culpabilité. La faim énorme persistait, même après les larges repas des phases de réalimentation. » Certains sujets « mangeaient continûment, alors que d’autres entraient dans des cycles incontrôlables de boulimie et de vomissement. » Les volontaires « devenaient terrifiés à l’idée de sortir de l’environnement expérimental, sachant qu’ils seraient tentés par de la nourriture qu’ils avaient promis de ne pas manger… et quand ils succombaient, ils faisaient des confessions hystériques. » Ils devinrent irritables, tendus, fatigués et ne cessaient de se plaindre de manière indéfinie. « Comme des fugitifs, ils n’arrivaient pas à se débarrasser de l’idée qu’ils étaient sous l’emprise d’une force négative. » Les médecins durent prescrire des tranquillisants pour certains.
Ce groupe était composés d’étudiants parfaitement sains et normaux. C’était tous des hommes.
[…]
Donc,
Si la graisse féminine est un pouvoir sexuel et reproducteur
Si la nourriture est honorifique
Si les femmes doivent perdre 23% de leur poids pour FIT THE IRON MAIDEN
Et que des perturbations psychologiques deviennent chroniques quand on perd 23% de son poids
Si la faim chronique est physiquement et psychologiquement affaiblissante
Et que la force, la sexualité et la confiance en elles des femmes constituent une menace envers les interêts précedemment évoqués ;
Si la presse féminine est sponsorisée par une industrie qui pèsent 33 million de dollars et dont le capital repose sur la peur politique des femmes ;
Nous pouvons comprendre pourquoi l’Iron Maiden est si mince. La minceur n’est pas esthétiquement appréciable – elle est belle en tant que solution politique.
[1] Wolf, Naomi (1991) The Beauty Myth : How Images of Beauty Are Used Against Women, Harper Collins, New York, 368 p. p189
Que représente la nourriture?
Dans le contexte familial, la nourriture représente l’amour, la mémoire, le langage. Dans la sphère publique, la nourriture représente le statut social et l’honneur.
La nourriture est le symbole premier du statut social. Quand une société attache de l’importance a quelqu’un, elle le nourrit bien. Le partage de la nourriture cimente l’égalité sociale. Quand les hommes brisent le pain ensemble, ou portent un toast a la reine, ou sacrifient l’agneau les uns pour les autres, ils deviennent allies et amis. Le mot ’compagnon’ vient du Latin; celui qui partage le pain.
Si les femmes ne peuvent pas manger la même nourriture que les hommes, nous n’avons pas le même statut.
Les 2/3 des femmes en Asie, la moitié des femmes africaines et 1/6 des femmes d’Amérique du Sud sont anémiques - par manque de nourriture. Au Népal 50% de plus de femmes que d’hommes sont aveugles pour carences alimentaires. Dans toutes les cultures les hommes reçoivent des repas chauds, plus de protéines et la part du lion d’un repas, pendant que les femmes mangent les restes. Et, d’après un rapport des Nations Unies, la valeur nutritionnelle de la nourriture qu’elles reçoivent est systématiquement inférieure.
Des recherches ont montre qu’aux EU, les parents encouragent les garçons à manger quelque soit leur poids, alors qu’ils ne font la même chose avec les filles que quand elles sont minces. Sur un échantillon de bébés, 99% des garçons étaient allaités, et 66% pour les filles, qui n’avaient droit qu’à 50% du temps des garçons pour se nourrir. Les filles sont donc nourries moins convenablement et attentivement.
Que représente que la graisse?
De la saleté féminine superflue. Une matière virtuellement cancéreuse; la démonisation d’une simple substance corporelle ne vient pas de propriétés physiques mais de misogynie à l’ancienne, car, avant tout, la graisse est féminine. C’est le moyen et le régulateur des caractéristiques sexuelles féminines.
Dans toutes les cultures, dès la naissance les filles ont de 10% a 15% de graisse de plus que les garçons. A la puberté le rapport graisse-muscle baisse pour les garçons et augmente pour les filles. L’augmentation du ratio est le moyen d’atteindre la maturation sexuelle et la fertilité. La moyenne pour le corps d’une jeune fille de 20 ans en bonne santé est de 28,7% de graisse.
Vers les quarante ans, le pourcentage de graisse pour les femmes dans le monde est de 38%. Les besoins caloriques d’une femme modérément active ne sont que 250 calories en dessous des besoins caloriques pour un homme modérément actif, environ 2250 à 2500 calories, soit 2 onces de fromage.
La prise de poids avec le temps est aussi un phénomène normal pour les 2 sexes partout dans le monde. Le corps est évidemment programmé pour peser, et défendre, un certain poids.
La graisse chez les femmes est sexuelle. Les Victoriens l’appelait affectueusement leur ‘épaisseur de soie’. L’exigence de la minceur handicape la sexualité féminine. Un tiers des femmes qui font du sport pour resculpter leur corps souffrent d’irrégularités dans leur cycle et de diminution de leur fertilité. Le corps d’un mannequin est de 22% à 23% plus mince que celui d’une femme normale; la femme normale veut être aussi mince qu’un mannequin; l’infertilité et les dérèglements hormonaux sont communs chez les femmes dont le rapport graisse-muscles tombe en dessous de 22%. Les dérèglements hormonaux sont une cause de cancers ovarien et endométrique et d’ostéoporose. Les tissus graisseux emmagasinent les hormones sexuelles, donc de basses réserves de graisses sont liées à des estrogènes faibles et à de faibles niveaux de toutes les autres hormones sexuelles importantes ainsi qu’a des ovaires inactives.
La graisse n’est pas que la fertilité chez les femmes, mais aussi le désir. Les sujets d’une expérience cessèrent de se masturber ou d’avoir des fantasmes à 1700 calories/jour, 500 calories de moins que le régime Berverly Hills.
La faim affecte les glandes endocrines. L’aménorrhée et une puberté repoussée sont très communes chez les filles et femmes au régime. Les hommes au régime perdent leur libido et deviennent impuissants; il arrive même que leur poitrine commence à pousser.
La clinique sur les dysfonctionnements sexuels de l’université de Loyola affirme que les phénomènes de perte de poids ont un effet sur la sexualité bien pire que les prises de poids. D’après le New England Journal of Medecine, les gens qui font de l’exercice physique à hautes doses perdent tout attirance pour le sexe. Quand au plaisir pour les boulimiques, il est rare, à cause d’une profonde haine du corps.
Que représentent les régimes ?
Faire un régime est une expression qui trivialise le fait que c’est une semi-famine auto-infligée.
Dans une étude de l’Université du Michigan, 36 volontaires furent mis sous un régime basses calories et « les effets physiques, psychologiques et comportementaux furent soigneusement observés. » Les sujets étaient jeunes et sains et faisaient preuve de « hauts niveaux de force de caractère, de stabilité émotionnelle et de bonne abilité intellectuelle. » Commença alors une période de 6 mois pendant laquelle leur consommation de nourriture fut divisée par 2 – une technique de régime classique.
« Après avoir perdu approximativement 25% de leur poids d’origine, les effets pernicieux de la faim commencèrent à apparaître. » Les sujets « devinrent de plus en plus préoccupé.e.s par la nourriture et le fait de manger. Ils ruminaient constamment le sujet de manière obsessive, collectionnaient des recettes et des livre de cuisine, commencèrent à avoir des rituels anormaux, tels que le fait de manger extrêmement lentement ou d’amasser des objets liées à la nourriture. »
Puis la majorité d’entre eux se mit à « souffrir de troubles émotionnels, tels que la dépression, l’hypocondrie, l’hystérie, des crises de colère, et dans certains cas, de niveaux de désorganisation psychotique. » Puis, ils « perdirent toute capacité de fonctionner dans des contextes sociaux et professionnels à cause d’apathie, d’énergie et de vivacité réduites, d’isolation sociale et d’intérêt sexuel diminué. »
Finalement, « après quelques semaines de réduction de nourriture », ils « signalèrent une faim impitoyable, ainsi que des envies violentes de rompre leur régime. Certains firent des crises de boulimie, suivies de vomissement et de sentiments de culpabilité. La faim énorme persistait, même après les larges repas des phases de réalimentation. » Certains sujets « mangeaient continûment, alors que d’autres entraient dans des cycles incontrôlables de boulimie et de vomissement. » Les volontaires « devenaient terrifiés à l’idée de sortir de l’environnement expérimental, sachant qu’ils seraient tentés par de la nourriture qu’ils avaient promis de ne pas manger… et quand ils succombaient, ils faisaient des confessions hystériques. » Ils devinrent irritables, tendus, fatigués et ne cessaient de se plaindre de manière indéfinie. « Comme des fugitifs, ils n’arrivaient pas à se débarrasser de l’idée qu’ils étaient sous l’emprise d’une force négative. » Les médecins durent prescrire des tranquillisants pour certains.
Ce groupe était composés d’étudiants parfaitement sains et normaux. C’était tous des hommes.
[…]
Donc,
Si la graisse féminine est un pouvoir sexuel et reproducteur
Si la nourriture est honorifique
Si les femmes doivent perdre 23% de leur poids pour FIT THE IRON MAIDEN
Et que des perturbations psychologiques deviennent chroniques quand on perd 23% de son poids
Si la faim chronique est physiquement et psychologiquement affaiblissante
Et que la force, la sexualité et la confiance en elles des femmes constituent une menace envers les interêts précedemment évoqués ;
Si la presse féminine est sponsorisée par une industrie qui pèsent 33 million de dollars et dont le capital repose sur la peur politique des femmes ;
Nous pouvons comprendre pourquoi l’Iron Maiden est si mince. La minceur n’est pas esthétiquement appréciable – elle est belle en tant que solution politique.
[1] Wolf, Naomi (1991) The Beauty Myth : How Images of Beauty Are Used Against Women, Harper Collins, New York, 368 p. p189
jeudi 13 septembre 2007
Le chocolat
Le chocolat[1]
Est un mélange de 500 parfums, 2 ½ fois plus que n‘importe quel autre aliment.
Contient du phényle éthylamine, la substance chimique que le cerveau libère quand nous tombons amoureux.
Contient du théobromine, qui augmente la vivacité, la concentration et le fonctionnement cognitif.
Contient du magnésium, essentiel à la fabrication de la sérotonine.
Grâce à son ratio idéal entre les calories du sucre et les graisses, le chocolat stimule les niveaux de sérotonine et d’endorphine dans le cerveau.
Les femmes choisissent le chocolat comme remontant 22 fois plus souvent que les hommes.
50% des femmes disent qu’elles préfèrent le chocolat au sexe.
Est un mélange de 500 parfums, 2 ½ fois plus que n‘importe quel autre aliment.
Contient du phényle éthylamine, la substance chimique que le cerveau libère quand nous tombons amoureux.
Contient du théobromine, qui augmente la vivacité, la concentration et le fonctionnement cognitif.
Contient du magnésium, essentiel à la fabrication de la sérotonine.
Grâce à son ratio idéal entre les calories du sucre et les graisses, le chocolat stimule les niveaux de sérotonine et d’endorphine dans le cerveau.
Les femmes choisissent le chocolat comme remontant 22 fois plus souvent que les hommes.
50% des femmes disent qu’elles préfèrent le chocolat au sexe.
[1] Waterhouse, Debra (1996) Why Women Need Chocolate: Eat What You Crave to Look Good & Feel Great, Hyperion Books
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