jeudi 13 septembre 2007

Cuntlovin' Public Retaliation


Cuntlovin’ [1]Public Retaliation[2]
ou "CPR"

Inga Muscio, née en 1966 à Santa Maria, Californie, est une auteurE et conférencière féministe. Elle a grandi à San Francisco et habite maintenant Portland, dans l’Oregon. Ses deux livres, Cunt: A Declaration of Independence et Autobiography of a Blue-Eyed Devil: My Life and Times in A Racist, Imperialist Society ont été publiés par Seal Press respectivement en 1998 et 2005.

Dans un climat de cuntlove, si une femme de notre communauté est violée, les autres femmes réagissent.
Nous savons que les attaques isolées sur une femme, une femme individuelle n'existent pas. Nous savons qu'une pompom girl d'origine haïtienne, qu'une employée du bâtiment Philipino-Norvégienne, qu'une bibliothécaire Chumash/Cree, ou qu'une prostituée juive, c'est NOUS.
Le CPR est assez proche d'une philosophie mafia; le viol d'une soeur est le viol de toute la famille, et ne peut pas, en aucune façon, rester impuni. Quelqu'un a attaqué l'honneur de la famille. En conséquence, nous réagissons.
Dans un climat de "cuntlove", personne n'a de la "chance" que ç'ait été une "autre femme" qui a été attaquée. Le concept de l' "autre femme" n'existe pas quand vous avez de la compassion et de la cuntlove envers vous-même.
Une règle de base du CPR est l'humiliation publique du violeur. Puisque les violeurs comptent sur le silence et la honte des femmes pour continuer à mener leurs vies normalement, il me semblerait logique et mérité de les mettre au centre de toute notre attention.
Le CPR peut être employé quand une femme est certaine de l'identité de son agresseur. Ceci est tout à fait pertinent, car la plupart des attaques ne sont pas commises par des étrangers.
L'union fait la force et la sécurité.
Un groupe de 200 femmes envahissant le bureau du violeur aurait un effet certain. Si chacune

de ces femmes était en possession d’une douzaine d'oeufs pourris qui seraient subséquemment déposés sur la personne du violeur, le violeur pourrait en venir à la conclusion qu'il a commis un acte qui n'a pas été apprécié par la communauté. Si le violeur devait traverser une foule de femmes silencieuses qui ne le quittent pas des yeux, une foule de femmes en colère, ou qui chantent doucement, pour se rendre à sa voiture, pour aller faire des courses, il pourrait se sentir un brin inconfortable.
Le CPR offre des possibilités infinies.
Les actions de CPR peuvent être effectuées en toute (ou presque) légalité, et sans violence - cela est particulièrement vrai s'il n'y a que des femmes. La violence inutile vient de gens stupides et sans imagination. Il y a des manières bien plus dévastatrices que la violence pour punir quelqu'un.
Cuntlovin’ Public Retaliation marche aussi pour le passé. Des survivantes de viols peuvent trouver de grandes satisfactions et catharsis dans le fait d'agir avec d'autres femmes qui sont parfaitement en harmonie avec elles, dans le soutien, la rage, et l'amour. Dans un tel contexte, nous nous libérons du silence, de la culpabilité, de l'acceptation et de toutes autres réactions négatives dont nous pensions - autrefois - que nous avions besoin pour survivre.
Les hommes ne devraient pas faire partie d'action CPR. A part les situations où ce sont des hommes qui ont été violés, la réponse masculine au viol d'une amie/amante/membre de la famille est en général une indignation outrée et bien-pensante. J'ai beaucoup vu cette réaction, et je pense qu'elle vient du fait que ces hommes veulent montrer qu'ils sont eux-mêmes des hommes biens et non violeurs. Si les hommes veulent véritablement 'bien' se comporter, ils peuvent rester en coulisses et calmement soutenir leurs amies quand nous nous défendons nous-mêmes. Ils peuvent aider à louer des bus pour transporter tout le monde sur le site choisi.
Nous n'avons pas besoin d'hommes pour nous protéger.
C'est entre les violeurs et nous.
Ou c'est vraiment entre les femmes et nous.
Une petite leçon de physique; une action positive engendre une réaction positive.
Pour le moment, la réaction culturelle au viol est en général un silence négatif et honteux.
Laissons la culture réagir comme elle veut.
Nous avons le pouvoir d'agir différemment, d'enrichir cette réponse. Nous avons le pouvoir de créer quelque chose. Les femmes peuvent réagir à leur façon, de manière poétique et créative, en utilisant les ressources de notre communauté. La force est dans l'union et dans tous nos moyens de communication

En effet.
Il est temps de changer.

Tout violeur serait sans doute passablement énervé de retrouver sa voiture pleine de poissons pourris et de fromage gluant - surtout si c'est une Jaguar. Surtout si les 542 responsables envahissaient sa rue en insistant pour qu'il déménage.
Personne n'aime se recevoir 2060 tampons usagés sur la figure.
Est-ce que ce ne serait pas absolument détestable d'être mis au pilori, recouvert de déjections canines, oblige de s'agenouiller sur une scène devant un micro et de s'excuser auprès des 10000 femmes dans le public qui vous ont emmené là? J'imagine que ce serait un jour à marquer d'une pierre blanche - ou noire - ou rouge.
Peut-être certaines femmes construiraient-elles des pénis géants qu'elles pourraient brûler sur la pelouse du violeur.
Le CPR est une expression (tradition?) culturelle valable. Les différentes tribus décident comment elles le mettent en oeuvre.
Cela pourrait être très efficace.
Mais surtout, avec un peu d'amour, de communication, d'organisation temporaire et de networking, le CPR est tout à fait... possible.
Et cela dépend tout à fait de vous.


[1] « Cunt » : la chatte. « Love »: l’amour. Cuntlovin’ public retaliation peut être vaguement traduit par « représailles publiques par amour de la chatte ». CPR en anglais veut aussi dire les soins de réanimation des premiers secours.
[2] Muscio, Inga (2002) Cunt: A Declaration of Independence, Seal Press, New York, 305 p. p 176

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