dimanche 16 septembre 2007

Féminisme : la deuxième vague



Ariel Levy



Il est communément admis que la sortie du livre de Betty Friedan The Feminine Mystique en 1963 a lancé ce que l’on appelle la deuxième vague du féminisme, même si certainEs mettent Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir en haut de la liste d’ouvrages féministes contemporains. A la fin des années 60, les femmes nord-américaines s’étaient inspirées du mouvement d’émancipation des Noirs et se battaient sur les grands thèmes de la libération féminine; salaire égal pour travail égal.

Le futur qui n’est jamais venu[1]

[…] Dans le mouvement des droits civils, comme dans le mouvement pour la paix, comme chez les Students for a Democratic Society, comme partout dans la nouvelle gauche (New Left), les femmes jouaient un rôle de soutien. « Leur milieu, leur éducation, leur idéologie, leur expérience – tout cela promettait à la femme de la nouvelle gauche l’égalité. Et pourtant leur expérience dans le mouvement a été perturbante et éprouvante», écrit l’historien des mentalités Todd Gitlin dans The Sixties: Years of Hope, Days of Rage. «Les hommes les recherchaient, les recrutaient, les prenaient au sérieux, respectaient leur intelligence – et les reléguaient subtilement aux rôles de petites amies, épouses, secrétaires, barmaid.» Le fameux commentaire du militant des Black Panthers Stokeley Carmichael auprès du Comité Etudiant et Non-Violent de Coordination n’a pas aidé la situation; «La position des femmes [dans le mouvement] est allongée.»
Les femmes ont donc commencé à se voir sans les hommes, entre «soeurs» pour «consciousness-raising»[2]. C’était une technique empruntée à Mao Tse Tung et aux groupes de «paroles d’amertume» qui galvanisaient les paysans pendant la révolution chinoise, et que chaque militant radical lisait dans Fanshen de William Hinton, un récit des villageois de la province de Shanxi qui avaient ainsi absorbé le message libérateur du communisme et rejeté les chaînes de la hiérarchie bourgeoise.[3]
Le féminisme avait déjà commencé à renaître de ses cendres en 1963 quand Betty Friedan publia The Feminine Mystique et fonda The National Organization for Women (NOW). Mais les femmes attirées par le « consciousness raising » étaient d’une autre sorte. «Friedan, la mère du mouvement, et l’organisation faite à son image étaient indécrottablement bourgeoises», écrivit Susan Brownmiller. «L’interêt de NOW pour le changement législatif laissaient les militants froids.» Friedan et ses disciples s’étaient battues pour des avancées subtiles, comme la désegrégation des petites annonces du New York Times qui étaient autrefois classées par sexe pour différencier le «travail féminin» des vraies carrières. Mais Susan Brownmiller cherchait typiquement quelque chose de plus énorme et de moins facile; l’écroulement du patriarcat, qui devait commencer dans les esprits et les chambres à coucher des Américains aussi bien que sur leurs lieux de travail – un changement qui devait commencer de l’intérieur.[…]
Des changements qui influenceraient la vie des Américaines pour toujours s’étaient produits en un peu plus d’une décennie. La pilule fut approvée par le FDA[4] en 1960. Le Congrès vota la loi du salaire égal en 1963. La loi des droits civils, passée en 1964 interdit la discrimination sur la base du sexe, de la race, de la religion et interdit aux entreprises de réserver des emplois spécifiques aux hommes ou aux femmes et de renvoyer une femme parce qu’elle est enceinte. NOW a été fondée an 1966, et NARAl en 1969[5]. La première édition de Our Bodies, Ourselve[6]s a été publiée en 1970 et est devenue le guide du sex essentiel aux féministes et aux progressistes. L’anthologie de la poétesse féministe Robin Morgan Sisterhodd is Powerful[7] a fait date cette année-là. En 1972 la Cour Suprême a accordé le droit à la contraception aux couples non-mariés dans sa décision Eisenstadt contre Baird, et l’amendement pour l’égalité des droits (Equal Rights Amendement, ERA) est passé par les deux organes du Congrès. ( L’ERA, don’t l’intitulé est «L’égalité des droits devant la loi ne doit pas être niée ou modifiée par le gouvernement fédéral ou un des Etats pour des motifs tenant au sexe des personnes» a manqué la ratification par trois votes de trois Etats 10 ans plus tard). Et finalement, en 1973, il y a eu Roe[8].
Ces évènements étaient des victoires pour deux mouvements révolutionnaires qui auraient un impact gigantesque sur la redéfinition de la féminité aux Etats-Unis; le mouvement de libération des femmes et la révolution sexuelle. Ces deux mouvements se rejoignaient sur de nombreux points. De nombreuses personnes étaient impliquées dans les deux causes, et leurs luttes initiales furent partagées. Mais un schisme viendrait à se former entre les deux mouvements, et certains des thèmes qui les avaient réunis en viendraient à les opposer de manière irréconcialiable, et le mouvement féministe avec.



Whoopi Goldberg Ashley Judd


[1] Levy, A. (2005) Female Chauvinist Pigs, Free Press, New York, 224 p.
[2] « Conscientisation » ou éveil des esprits, en français.
[3] Voir
[4] La Food and Drug Administration
[5] National Association for the Repeal of Abortion Laws. Aujourd’hui, National Abortion Rights Action League
[6] Collective, B. W. s. H. (1969) Our Bodies, Our Selves, Touchstone, Boston, 848.
[7] Morgan, R. (1970) Sisterhood is Powerful, Vintage, New York,
[8] Roe vs. Wade est le jugement de la Cour Suprême qui légalise l’avortement.

1 commentaire:

  1. J'aimerais savoir à quoi se réfère le permier stade du féminisme. C'est un flou pour moi.

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