dimanche 16 septembre 2007

Les mythes de création

Ishtar



Le conflit entre le féminin et le masculin.
Les mythes de création, comme beaucoup d’histoires de dieux sont souvent influencés par les mœurs humaines, et fournissent ainsi le portrait d’une société, et particulièrement des relations entre les sexes qui y ont cours.

La déesse de la lune pré-colombienne Coyolxauhqui est démembrée par son frère ce qui introduit une ère de domination masculine.

Le mythe grec de la théogonie d’Hésiode (« Naissance des Dieux », vers 700 av. J.-C.) expose un schéma courant de conflit et de méfiance entre générations, qui n’est que le symptôme d’un conflit entre le masculin et le féminin. Gaïa, la Terre, née de Chaos, s’unit à Ouranos le Ciel, son fils, née d’elle spontanément. Il refoulait au plus profond d’elle tous les enfants auxquels elle donnait naissance, jusqu’au jour où elle encouragea l’un d’eux, Kronos, à castrer son père. A son tour, Kronos mangea les enfants qu’il eut de sa sœur Rhéa, jusqu’à ce que Zeux, l’un de ses enfants, le détronât. Quand à Zeus, il avala sa première femme, Méris, l’intelligence efficace, quand elle fut enceinte et donna ainsi naissance à leur enfant Athéna qui sortit de sa tête.
Ce mythe correspond parfaitement à une culture obsédée par l’autorité masculine sur la femme, par la tromperie, la bâtardise et les incertitudes de paternité et donc par la prise de contrôle masculin sur les pouvoirs reproductifs féminins, contrôle généralement conçu comme le triomphe de la civilisation sur la nature.

On peut retracer les changements politiques et les glissements qui s’ensuivent dans le statut relatif des sexes à travers l’évolution des mythes de création. En Mésopotamie, où les femmes avaient des droits semblables à ceux des hommes, on pensait que le monde avait été crée par la déesse Tiamat. Vers 1700 av. J.-C., quand Babylone devint la cité dominante de la région, les hommes gagnèrent de plus grands droits sexuels et économiques et Tiamat devint un monstre, l’incarnation du chaos, que le dieu babylonien Mardouk avait dû vaincre et démembrer pour faire le monde. Ailleurs, comme dans certaines contrées du Pacifique sud, une figure (mâle) doit plonger dans les abysses de la mer (femelle) pour en tirer la terre, ce qui exprime encore que les hommes doivent imposer un modèle et tirer un sens de la fécondité féminine chaotique.
Anticipant les mœurs humaines, les mythes de création décrivent souvent un monde engendré par l’union du Ciel et de la Terre, du Soleil et de la Lune, ou simplement d’un dieu et d’une déesse.

Les récits de rapt, de mariage, de séduction et de naissance chez les dieux sont souvent le reflet des coutumes politiques des peuples concernés. Ainsi, Isis, à l’origine une déesse mineure de la vallée du Nil Perehbet, fut « mariée » à Osiris, la déité du clan régnant dans la cité voisine, Busiris, au moment même où les deux cités s’alliaient.

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