jeudi 13 septembre 2007

Menstruation



Menstruation


Traditions

Dans les société non-industrielles, la réponse presque universelle aux règles est l’isolation. Ce n’est pas une réponse qui prend sa source dans la peur, mais bien dans la révérence pour le pouvoir sacré du sang mentruel. Dans certaines cultures indigènes, les filles sont isolées pendant plusieurs années.
Les jeunes femmes Dyack en Asie du Sud-Est passent une année dans une cabane blanche, en ne portant que des vêtements blancs et ne consommant que des aliments de la même couleur (dont on pense qu’ils garantissent une bonne santé). Pendant qu’elles sont seules, elles méditent sur leur transformation physique vers la maturité, et sur ce que la société attendra d’elles. Des femmes âgées viennent régulièrement leur rendre visite pour leur enseigner les arts et artisanats des femmes, dont les responsabilités liées à la sexualité et à l’éducation des enfants. Cela a un impact extraordinaire sur leur développement personnel.

Un des plus beaux rites d’initiation au menarche est le rite apache de la « transformation en femme ». Dans cette cérémonie solennelle, la jeune fille devient la mère apache primordiale, la « femme peinte en blanc ». Elle rejoue l’histoire de la Femme qui Change, qui enceinte du soleil donna naissance qu peuple apache. Le premier jour, elle est recouverte de pollen jaune pour symboliser la fertilité et les vieilles femmes lui apprenne ce qu’est le « feu intérieur », sa sexualité sacrée. La cérémonie dure 4 jours, en l’honneur des 4 points cardinaux. La dernière nuit, la jeune femme doit danser du crépuscule à l’aube pour le bien de son peuple. A l’aube, on lui chante ce chant :

« A présent tu entres dans le monde
Tu deviens une adulte responsable
Marche avec honneur et dignité
Sois forte !
Car tu es la mère de notre peuple
Car tu seras la mère d’une nation »2

an old Jewish custom* (a minhag in Hebrew),


Quelques sociétés considèrent que le sang menstruel est bénéfique. En Europe médiévale, on s’en servait parfois comme remède contre la lèpre. Louis XIV le tenait pour aphrodisiaque. Le sang menstruel joue un rôle dans certains rites tantriques. Chez les Aïnous du Japon, c’est un charme de chance, apportant le succès à la chasse et la prospérité. Il y est aussi utilisé comme un remède pour chasser la douleur. Il n’y a donc aucun tabou contre les relations sexuelles pendant les règles, et tout Aïnou qui verra une goutte de sang menstruel par terre s’en enduira la poitrine.
Presque partout, cependant, on considère qu’il est dangereux pour un homme de dormir avec une femme pendant ses règles. S’il le fait, il risque une contamination rituelle, ‘impuissance et diverses maladies débilitantes ou, dans certaines cultures d’Amérique du Nord, la grossesse immédiate de la femme. Il peut même être tabou de toucher ou de voir une femme ayant ses règles.
Pour les Choukchis de Sibérie, son souffle est contaminant et peut causer la noyade d’un homme en mer.

La tradition juive interdit tout contact durant les règles et exige des femmes de se laver de leur souillure dans une maison de bains rituels.
A part la prescription rigoureuse qui oblige les femmes à se laver après leurs règles, l’Islam est moins strict.
Dans quelques sociétés de chasseurs où les ressources sont rares, les tabous contre la menstruation semblent avoir évolués sous la forme d’un contrôle de la population. Ainsi les Carriers de Colombie britannique avaient l’habitude d’envoyer les jeunes filles dans des lieux sauvages dès qu’elles étaient réglées. Elles devaient demeurer dans la solitude complète pendant 4 ans et les hommes évitaient même les pistes où elles passaient, comme étant dangereuses et polluées. Mais en général, les tabous menstruels viennent sans doute de la tendance humaine à transformer tout acte qui implique un écoulement de sang en sorte de sacrement (« tabou » signifiant à la fois « sacré » et « impur »). La faculté féminine à verser régulièrement le sang de son corps inspire la crainte et même l’envie chez des peuples comme les Aruntas d’Australie. La vue d’une femme ayant ses règles peut aussi susciter la peur du vagina dentata, un puissant vagin denté et castrateur.

Parfois, ce pouvoir magique de l’écoulement sanguin est nié. La foi chrétienne fut l’une des premières à diminuer l’importance des règles. Alors même que l’Eglise faisait de l’acte symbolique de boire le sang du Christ son sacrement central, elle enseignait que le sang menstruel n’avait aucun pouvoir polluant et permettait aux femmes ayant leurs règles de participer au service religieux et d’approcher l’autel. Dans les livres de pénitence, on continua pourtant à interdire l’acte sexuel avaec une femme ayant ses règles. Les vieilles traditions prévalent dans l’orthodoxie, qui ne permet toujours pas aux femmes ayant leurs règles de communier ou de baiser les icônes.

Bien que les féministes aient défendu l’idée de célébrer le ménarque comme l’entrée dans l’âge adulte d’une jeune fille, avec une hausse visible de son statut pour compenser les inconvénients de la menstruation afin qu’elle n’essaie pas d’annuler tout le processus en restant une enfant maigrelette (peur de l’anorexie), rien n’a été fait pour doter le cycle de respect et d’éclat. On appelle les serviettes qui épongent le sang des ‘protections sanitaires’ comme si le sang était à la fois sale et dangereux. Il existe des publicités télévisées pour ces produits à présent, non parce que les fonctions féminines ne sont plus considérées honteuses ou dégoûtantes, mais parce que les revenus potentiels sont énormes.


Si vous vous croyez émancipées, goûtez donc votre sang – si l’idée vous rend malade, vous avez encore un sacré bout de chemin à parcourir.
[Germaine Greer, 1999] TWW p41


Témoignages

« Bonjour ! Je suis indienne et mes premières règles ont été très célébrées ici. En Inde, particulièrement dans le sud, le ménarque est une grande joie pour la communauté. Pendant les trois premiers jours, la jeune fille n’a le droit de ne toucher à rien dans la maison et est exemptée de tâches domestiques. On lui apporte de la nourriture qui est très riche en graisse. Après ces trois jours, toutes les femmes de la communauté sont invitées à une grande fête, où l’on habille la jeune fille en femme pour la première fois et où l’on chante des chansons sur la vie des femmes. Après le déjeuners, toutes les femmes viennent lui donner des cadeaux, en général des bijoux, et partent. A partir de ce moment-là, elle a le droit de porter une robe de femme, le sari et de se mettre le kumkum (la marque rouge sur le front), qui signifie la fémninité. La seule occasion où on ne porte plus le kumkum est quand on devient veuve. »

« Quand ma fille a eu ses premières règles l’année dernière, je lui ai offert un bouquet de roses rouges et un collier avec un pendentif représentant la lune. Mon mari et moi l’avons encouragée à inventer son propre rituel. Elle nous a emmenés dans le jardin. Elle avait un gobelet en verre rouge rempli d’eau qu’elle saupoudra de thym et nous parla du fait de grandir. Nous avons discuté et l’avons prise dans nos bras. »

« Je raconte toujours l’histoire de la célébration de mes premières règles, parce que j’ai l’impression d’être la seule à qui c’est arrivé. J’ai eu mes premières règles à 13 ans, le lendemain de Noël. Je l’ai immédiatement dit à ma mère, qui est infirmière et qui a toujours été très ouverte sur ce genre de sujets. Elle était très contente et m’a prise dans ses bras et elle m’a montré où tout se trouvait dans la salle de bains, et c’est tout. Du moins, c’est ce que je croyais. J’ai passé toute la matinée dans ma chambre à appeler mes amies, et puis ma mère m’a appelée. Elle m’avait fait un magnifique gâteau blanc pour fêter ça. Elle m’a ensuite emmenée faire des courses et nous avons acheté des « trucs de filles » ; lingerie, maquillage, nuisettes. Je pense que cette expérience a beaucoup contribué à mon attitude vis-à-vis de la sexualité, et c’est une tradition que je continuerai avec ma fille. »

Une mère dit à sa fille qu’elle pourrait faire 3 voeux pour célébrer l’arrivée de ses règles. La jeune fille souhaita :

1) aller faire des courses,

2) que sa mère ne dise pas un mot ce jour-là,

3) un steak.

Le steak était un désir controversé dans cette famille végétarienne, mais comme le dit sa mère «Manger un steak était, de la part de ma fille, la déclaration fondamentale de son nouveau pouvoir à prendre des décisions en tant qu’adulte. »

Certaines mères permettent à leurs filles de se faire percer les oreilles ce jour-là, et leur offent des boucles d’oreille serties de pierres rouges. D’autres offrent à leurs filles un livre rempli de photos de femmes de la famille, que l’on pourra transmettre à la génération suivante.



Contes de fées

L’un des rôles des contes de fées est la préparation inconsciente des enfants à des évenements de leur vie susceptibles de les choquer ou de les troubler. Au début de Blanche-Neige, une reine coud devant une fenêtre encadrée de bois d’ébène, une nuit d’hiver, et se pique le doigt. Voyant le sang sur la neige, elle le trouve si beau qu’elle fait le voeu d’avoir un enfant « aussi blanc que la neige, aussi vermeil que le sang et aussi noir de cheveux que l’ébène ». A un certain niveau, l’enfant qui écoute l’histoire assimile l’idée qu’un saignement – lors de la menstruation et plus tard, lors de la rupture de l’hymen – est nécessaire à la venue d’un bébé, y compris pour elle. La Belle au Bois Dormant est aussi un conte menstruel. Les treize fées penchées sur le berceau de la princesse correspondent aux phases du calendrier lunaire. Le sort jeté à la princesse, heureusement atténué par l’une des bonnes fées, symbolise le fait qu’une fois atteinte la puberté, elle perdra du sang et devra endurer une période d’inactivité (sexuelle) avant d’être « réveillée » par son futur époux.
Le Petit Chaperon Rouge met en garde contre les dangereux mâles prédateurs attirés par la découverte d’une toute récente maturité sexuelle (symbolisée par le rouge).

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