dimanche 16 septembre 2007

Si les hommes avaient leurs règles ...


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Gloria Steinem nait en août 1934 et passe une partie de son adolescence à s’occuper de sa mère, malade et dépressive. Celle-ci ayant renoncé à sa carrière pour son mari et ses enfants, Gloria Steinem décide de ne pas commettre la même erreur. Enceinte, elle rompt avec son fiancé et avorte à l’étranger avant de partir en Inde où elle découvre la protestation non-violente. En 1959, elle emménage à New York où elle devient journaliste et assistante éditorialiste pour Help !, Esquire, Glamour et Show. C’est à cette époque qu’elle écrira le fameux article sur Playboy, « Histoire d’une Bunny ».
C’est en 1968 qu’elle s’investit entièrement dans le mouvement féministe et en 1972 qu’elle fonde Ms., le premier magazine par et pour des femmes qui traite sérieusement des sujets « féminins ».
Elle a depuis fondé plusieurs associations, la Fondation Ms., le National Women's Political Caucus et la Coalition of Labor Union Women, et écrit plusieurs best-sellers"Revolution From Within: A Book of Self-Esteem" et "Outrageous Acts and Everyday Rebellions."
Gloria Steinem s’est mariée pour la première fois en 2000, à l’âge de 66 ans avec David Bale, 61 ans.

«Les caractéristiques des puissants, quelles qu'elles soient, sont toujours considérées supérieures aux caractéristiques des faibles, et la logique n’a rien à voir là-dedans.»

Que se passerait-il si c’était les hommes qui avaient leurs règles, et non plus les femmes?
Les règles deviendraient un événement masculin enviable et digne de fierté.

Les hommes se vanteraient de la durée et du flot.
Les garçons marqueraient l’arrivée de leurs règles, ce symbole tant attendu de virilité, avec des célébrations religieuses, et des fêtes strictement masculines.
Le Congrès créerait un Institut National de Dysménorrhée pour combattre les douleurs mensuelles.
Le gouvernement fournirait les fonds pour des protections sanitaires gratuites. Bien sûr, les hommes achèteraient toujours des marques prestigieuses, comme les tampons John Wayne, les caleçons Joe Namath ‘pour les jours à flot léger des célibataires’, et les serviettes maxi plus Robert Baretta. (+Muhammad Ali’s Rope-a-Dope pads!!)
Les militaires, les politiciens de droite et les groupes religieux prendraient les règles comme preuve que seuls les hommes peuvent servir dans l’armée (’pour faire couler le sang, il faut donner du sang’), faire de la politique (’nous avons des règles’, ‘comment une femme pourrait-elle être agressive sans ce ferme flot de sang gouverné par la planète Mars?’), être prêtres ou pasteurs (‘une femme ne peut pas donner du sang pour nos péchés’), ou rabbins ("Sans l’évacuation mensuelle de ses impuretés, la femme reste souillée").

Mais les radicaux, les politiciens de gauche et les mystiques insisteraient que la femme est l’égale de l’homme, juste différente, et que toute femme est invitée à les rejoindre si elle s’auto-mutile une fois par mois (’Tu dois donner du sang pour la révolution’), reconnaît l’importance de la menstruation, et subordonne sa vie aux hommes dans leur Cycle Spirituel.

Les mecs se vanteraient ‘Il me faut 3 serviettes’
Les sitcoms traiteraient le sujet en long, en large et en travers ; Happy Days: Richie et Potsie essaieraient de convaincre Fonzie qu’il est toujours ‘The Fonz’ malgré le fait qu’il n’a pas eu ses règles depuis 2 mois. Les journaux titreraient: « Alerte aux requins; hommes, attention! » « Le juge accorde un non-lieu au violeur pour stress menstruel ». Et les films; Newman et Redford dans ’Frères de sang’.

Les hommes essaieraient de convaincre les femmes que le sexe est beaucoup plus intense à ce moment-la. Les lesbiennes seraient considérées comme ayant une peur et un rejet du sang, donc de la vie - et elles auraient bien besoin d’un vrai mec pour leur apprendre.

Les intellectuels offriraient les arguments les plus logiques et les plus nombreux. Comment les femmes pourraient-elles exceller dans des disciplines exigeant un sens du temps, de l’espace, des mathématiques et des mesures, sans ce don précieux qui permet de mesurer les cycles de la lune et des planètes- et qui est donc a l’origine de tout calcul? Dans les domaines élitistes de la religion et de la philosophie, comment les femmes pourraient-elles compenser cette absence de contact avec l’univers? Ou l’absence de la compréhension symbolique de la mort chaque mois?

Les hommes de gauche essaieraient de calmer le jeu; le fait que ’ces gens’ n’aient pas de don inné pour mesurer la vie et se connecter a l’univers est déjà une punition en soi.

Et comment apprendrait-on aux femmes à réagir?
On peut s’imaginer les femmes traditionnelles acceptant ces théories avec un souriant et solide masochisme. (‘Le MLF voudrait que les femmes se mutilent chaque mois!’ ’Le sang de votre mari est aussi sacré que celui de Jésus - et tellement sexy!’). Les réformatrices essaieraient d’imiter les hommes en prétendant avoir un cycle mensuel. Les féministes tenteraient d’expliquer que les hommes doivent être libérés de l’idée erronée de l’agressivité martienne, tout comme les femmes doivent être libérées de leur jalousie à l’égard de ce phénomène. Les féministes radicales ajouteraient que l’oppression de la non menstruation est le modèle pour toutes les autres oppressions. (’Les vampires étaient les premiers combattants de la liberté!). Les féministes culturelles développeraient une imagerie pure de tout sang en art et en littérature. Les féministes socialistes insisteraient que ce n’est que le capitalisme qui permet aux hommes de monopoliser le sang menstruel… en fait, si les hommes avaient leurs règles, les justifications du pouvoir continueraient ad vitam aeternam.

Si on les laisse faire.


[1] Steinem, G. (1983, 1995) Outrageous Acts and Everyday Rebellions : Second Edition, Henry Holt and Company, New York, 432 p.

2 commentaires:

  1. Bonjour, j'ai copier ton article sur mon blog en mettant un lien vers chez toi. Si ça te pose problème dis le moi je l'enlève (ou si tu veux que j'ajoute des précisions sur ton blog ...)

    En tout cas j'apprécie beaucoup la richesse de tes articles.

    October

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  2. Non, tu es bienvenu(e), l'idée c'est que ça circule...;o)

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