dimanche 16 septembre 2007

Troubles du comportement alimentaire



Examen des termes[1]

Que représente la nourriture?

Dans le contexte familial, la nourriture représente l’amour, la mémoire, le langage. Dans la sphère publique, la nourriture représente le statut social et l’honneur.
La nourriture est le symbole premier du statut social. Quand une société attache de l’importance a quelqu’un, elle le nourrit bien. Le partage de la nourriture cimente l’égalité sociale. Quand les hommes brisent le pain ensemble, ou portent un toast a la reine, ou sacrifient l’agneau les uns pour les autres, ils deviennent allies et amis. Le mot ’compagnon’ vient du Latin; celui qui partage le pain.
Si les femmes ne peuvent pas manger la même nourriture que les hommes, nous n’avons pas le même statut.
Les 2/3 des femmes en Asie, la moitié des femmes africaines et 1/6 des femmes d’Amérique du Sud sont anémiques - par manque de nourriture. Au Népal 50% de plus de femmes que d’hommes sont aveugles pour carences alimentaires. Dans toutes les cultures les hommes reçoivent des repas chauds, plus de protéines et la part du lion d’un repas, pendant que les femmes mangent les restes. Et, d’après un rapport des Nations Unies, la valeur nutritionnelle de la nourriture qu’elles reçoivent est systématiquement inférieure.
Des recherches ont montre qu’aux EU, les parents encouragent les garçons à manger quelque soit leur poids, alors qu’ils ne font la même chose avec les filles que quand elles sont minces. Sur un échantillon de bébés, 99% des garçons étaient allaités, et 66% pour les filles, qui n’avaient droit qu’à 50% du temps des garçons pour se nourrir. Les filles sont donc nourries moins convenablement et attentivement.

Que représente que la graisse?

De la saleté féminine superflue. Une matière virtuellement cancéreuse; la démonisation d’une simple substance corporelle ne vient pas de propriétés physiques mais de misogynie à l’ancienne, car, avant tout, la graisse est féminine. C’est le moyen et le régulateur des caractéristiques sexuelles féminines.
Dans toutes les cultures, dès la naissance les filles ont de 10% a 15% de graisse de plus que les garçons. A la puberté le rapport graisse-muscle baisse pour les garçons et augmente pour les filles. L’augmentation du ratio est le moyen d’atteindre la maturation sexuelle et la fertilité. La moyenne pour le corps d’une jeune fille de 20 ans en bonne santé est de 28,7% de graisse.
Vers les quarante ans, le pourcentage de graisse pour les femmes dans le monde est de 38%. Les besoins caloriques d’une femme modérément active ne sont que 250 calories en dessous des besoins caloriques pour un homme modérément actif, environ 2250 à 2500 calories, soit 2 onces de fromage.
La prise de poids avec le temps est aussi un phénomène normal pour les 2 sexes partout dans le monde. Le corps est évidemment programmé pour peser, et défendre, un certain poids.
La graisse chez les femmes est sexuelle. Les Victoriens l’appelait affectueusement leur ‘épaisseur de soie’. L’exigence de la minceur handicape la sexualité féminine. Un tiers des femmes qui font du sport pour resculpter leur corps souffrent d’irrégularités dans leur cycle et de diminution de leur fertilité. Le corps d’un mannequin est de 22% à 23% plus mince que celui d’une femme normale; la femme normale veut être aussi mince qu’un mannequin; l’infertilité et les dérèglements hormonaux sont communs chez les femmes dont le rapport graisse-muscles tombe en dessous de 22%. Les dérèglements hormonaux sont une cause de cancers ovarien et endométrique et d’ostéoporose. Les tissus graisseux emmagasinent les hormones sexuelles, donc de basses réserves de graisses sont liées à des estrogènes faibles et à de faibles niveaux de toutes les autres hormones sexuelles importantes ainsi qu’a des ovaires inactives.
La graisse n’est pas que la fertilité chez les femmes, mais aussi le désir. Les sujets d’une expérience cessèrent de se masturber ou d’avoir des fantasmes à 1700 calories/jour, 500 calories de moins que le régime Berverly Hills.
La faim affecte les glandes endocrines. L’aménorrhée et une puberté repoussée sont très communes chez les filles et femmes au régime. Les hommes au régime perdent leur libido et deviennent impuissants; il arrive même que leur poitrine commence à pousser.
La clinique sur les dysfonctionnements sexuels de l’université de Loyola affirme que les phénomènes de perte de poids ont un effet sur la sexualité bien pire que les prises de poids. D’après le New England Journal of Medecine, les gens qui font de l’exercice physique à hautes doses perdent tout attirance pour le sexe. Quand au plaisir pour les boulimiques, il est rare, à cause d’une profonde haine du corps.

Que représentent les régimes ?

Faire un régime est une expression qui trivialise le fait que c’est une semi-famine auto-infligée.
Dans une étude de l’Université du Michigan, 36 volontaires furent mis sous un régime basses calories et « les effets physiques, psychologiques et comportementaux furent soigneusement observés. » Les sujets étaient jeunes et sains et faisaient preuve de « hauts niveaux de force de caractère, de stabilité émotionnelle et de bonne abilité intellectuelle. » Commença alors une période de 6 mois pendant laquelle leur consommation de nourriture fut divisée par 2 – une technique de régime classique.
« Après avoir perdu approximativement 25% de leur poids d’origine, les effets pernicieux de la faim commencèrent à apparaître. » Les sujets « devinrent de plus en plus préoccupé.e.s par la nourriture et le fait de manger. Ils ruminaient constamment le sujet de manière obsessive, collectionnaient des recettes et des livre de cuisine, commencèrent à avoir des rituels anormaux, tels que le fait de manger extrêmement lentement ou d’amasser des objets liées à la nourriture. »
Puis la majorité d’entre eux se mit à « souffrir de troubles émotionnels, tels que la dépression, l’hypocondrie, l’hystérie, des crises de colère, et dans certains cas, de niveaux de désorganisation psychotique. » Puis, ils « perdirent toute capacité de fonctionner dans des contextes sociaux et professionnels à cause d’apathie, d’énergie et de vivacité réduites, d’isolation sociale et d’intérêt sexuel diminué. »
Finalement, « après quelques semaines de réduction de nourriture », ils « signalèrent une faim impitoyable, ainsi que des envies violentes de rompre leur régime. Certains firent des crises de boulimie, suivies de vomissement et de sentiments de culpabilité. La faim énorme persistait, même après les larges repas des phases de réalimentation. » Certains sujets « mangeaient continûment, alors que d’autres entraient dans des cycles incontrôlables de boulimie et de vomissement. » Les volontaires « devenaient terrifiés à l’idée de sortir de l’environnement expérimental, sachant qu’ils seraient tentés par de la nourriture qu’ils avaient promis de ne pas manger… et quand ils succombaient, ils faisaient des confessions hystériques. » Ils devinrent irritables, tendus, fatigués et ne cessaient de se plaindre de manière indéfinie. « Comme des fugitifs, ils n’arrivaient pas à se débarrasser de l’idée qu’ils étaient sous l’emprise d’une force négative. » Les médecins durent prescrire des tranquillisants pour certains.
Ce groupe était composés d’étudiants parfaitement sains et normaux. C’était tous des hommes.
[…]
Donc,
Si la graisse féminine est un pouvoir sexuel et reproducteur
Si la nourriture est honorifique
Si les femmes doivent perdre 23% de leur poids pour FIT THE IRON MAIDEN
Et que des perturbations psychologiques deviennent chroniques quand on perd 23% de son poids
Si la faim chronique est physiquement et psychologiquement affaiblissante
Et que la force, la sexualité et la confiance en elles des femmes constituent une menace envers les interêts précedemment évoqués ;
Si la presse féminine est sponsorisée par une industrie qui pèsent 33 million de dollars et dont le capital repose sur la peur politique des femmes ;
Nous pouvons comprendre pourquoi l’Iron Maiden est si mince. La minceur n’est pas esthétiquement appréciable – elle est belle en tant que solution politique.


[1] Wolf, Naomi (1991) The Beauty Myth : How Images of Beauty Are Used Against Women, Harper Collins, New York, 368 p. p189

2 commentaires:

  1. Je pense qu'il ne faut pas oublier de parler des conséquences liées à la maigreur. Ostéoporose (j'ai vu des filles de 20 avec un squelette de femmes de 80 ...), problème cardiaques pouvant conduire à l'arrêt , incapacité à digérer les aliments ... arriver un moment impossibilité de reprendre du poids du au rétrécissement de l'estomac. Sans oublier la conséquence ultime : on meurt d'anorexie. Je n'ai pas parler des conséquences des vomissements et des prises de laxatifs et pourtant il y a à dire.

    Enfin c'était un petit ajout, qui n'apporte rien de plus au niveau de l'étude de société.

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  2. Salut October
    merci pour ton mot;o)

    Eléo

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